L'église catholique française a initié un service spécialement dédié aux relations avec les musulmans. Pour son animateur, le père Christophe Roucou, parmi les nombreuses questions d'actualité, le mariage mixte est l'une des situations nouvelles qui se développe et sur laquelle on doit prendre «le temps de se parler, car ce sont des personnes qui sont mises en jeu». Christophe Roucou est à l'avant-poste du dialogue interreligieux. Il est le premier responsable du Service national pour les relations avec l'islam (SRI), émanation de la Conférence des évêques de France. L'origine de l'intérêt de l'homme de religion remonte à un long séjour en Egypte, à Suez, durant neuf années. «J'y enseignais le français à de futurs enseignants, garçons et filles, à l'université du Canal de Suez. J'y ai appris le respect pour la tradition de l'islam, en même temps que le refus de l'utilisation du nom de Dieu pour des causes qui n'ont rien à voir avec la religion. J'y ai découvert combien les gens savent reconnaître ceux qui servent leurs frères de manière désintéressée, qui sont justes et honnêtes, ils les respectent et les aiment sans considération pour leur religion. Aujourd'hui en France, les relations et rencontres avec des musulmans sont pour moi vitales, car nous avons à vivre ensemble avec nos différences et non pas malgré nos différences». Présent au premier Forum islamo-musulman, il estime que cette initiative d'envergure était une nécessité «pour prendre le temps de faire le point sur nos relations mutuelles dans un contexte qui bouge très vite, dans notre pays comme dans le monde. La confiance qui existe entre nous - je connais la plupart des participants - nous permet de nous parler sans langue de bois, de prendre ensemble le temps de la réflexion et de l'écoute mutuelle». Il est important que les échanges touchent «des questions soient concrètes soient plus théoriques ou théologiques» car à «chaque fois, cela touche des relations quotidiennes non seulement entre chrétiens et musulmans mais aussi avec les autres dans une société marquée par le pluralisme religieux et par la laïcité». Selon lui, l'une des aspérités du contact entre des gens d'origine, de culture et de religions différentes entraîne des malaises : «J'évoquerais des situations de jeunes couples qui viennent me rencontrer. Des jeunes souhaitent se marier en étant l'un musulman(e) l'autre chrétien(e) ; ces situations de couples islamo chrétiens se multiplient dans la société française. Souvent, les familles font des pressions pour empêcher ces unions, mais les jeunes persistent. Je sais que la tradition musulmane a des règles strictes, en particulier lorsqu'il s'agit d'une femme musulmane. Comment respecter la liberté de conscience, les règles traditionnelles de nos religions et tenir compte des situations nouvelles ? Il faut que nous prenions le temps de nous parler car ce sont des personnes qui sont mises en jeu». Dans cet ordre d'idées, il souhaite que «se multiplient les rencontres qui permettent aux jeunes en particulier de se connaître, de lever ainsi beaucoup de malentendus ou de préjugés des uns sur les autres. Je l'ai expérimenté lors de conférences en Algérie le mois dernier. Le défi est de construire des ponts, alors que beaucoup voudraient élever des murs. La rencontre interreligieuse doit passer des responsables aux citoyens de base».