Les fruits et légumes sont hors de portée des ménages à bourse moyenne. Décidément, il n'y a plus de différence entre un légume de saison, un légume de serre ou un fruit exotique d'importation. «Tout est cher», commentent les ménagères interrogées au niveau de plusieurs marchés. La pomme de terre, qui a été au centre des « préoccupations» des pouvoirs publics ces dernières années, est cédée en moyenne à 60 DA/kg dans les marchés de la capitale. L'oignon est à 40DA/kg, la tomate oscille entre 40 et 80 DA/kg selon sa qualité. La carotte et la courgette coûtent respectivement 60 et 80 DA/kg. Le chou-fleur est entre 25 et 50 DA. Les piments verts et les poivrons dépassent les 120 DA/kg, et les haricots verts sont à plus de 180 DA/kg dans la plupart des marchés. C'est toujours un casse-tête. «Avec quoi vais-je remplir mon couffin ?», désespère un père de famille rencontré devant un étal de légumes. «On a beau faire tous les calculs, il est impossible de remplir correctement l'assiette de son enfant à moins de 1000 DA !» Et à un autre d'enchaîner : «Les pouvoirs publics, pour masquer leur échec dans la gestion de l'anarchie sévissant dans le secteur, se cachent derrière la météo. En hiver c'est à cause de la pluie, en été c'est la sécheresse, durant le Ramadhan c'est parce que les Algériens consomment plus… On ne sait plus quand on mettra fin à tout ça !» Pour la hausse sensible du prix de la pomme de terre, l'explication donnée par le ministère de l'Agriculture est liée aux dernières pluies qui ont entravé la récolte : «L'opération de déstockage commence la première semaine de novembre. La pomme de terre stockée dans le cadre du dispositif Syrpalac est mise en vente à la fin de la saison précédant l'entame de la récolte, qui commence à la mi-novembre. Le Syrpalac permet donc de faire face à la demande avant la disponibilité de la pomme de terre fraîche, retardée cette année à cause des intempéries.» Pour l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), l'instabilité des prix et la tendance à la hausse s'expliquent en partie par «l'absence des mécanismes de stockage et de distribution. L'indisponibilité des chambres froides fait que des légumes cueillis sont bradés au niveau du marché du gros le jour de la récolte et introuvables deux jours après, ce qui explique la hausse vertigineuse des prix chez les détaillants». M. Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, explique également le phénomène par le fait que les marchands illicites accaparent une partie des produits, en l'absence de marchés de gros dans la plupart des communes. Les prix sont hors de portée sur les étals. «Les APC sont accusées de maintenir l'informel, en l'absence de volonté d'aménager des marchés couverts qui faciliteraient la distribution, ce qui va forcément briser le forcing exercé par les intermédiaires», soutient le représentant des commerçants.