Une fièvre inflationniste s'empare d'ores et déjà de la mercuriale des fruits et légumes. L'arrivée de l'Aïd El Kebir et les pluies abondantes survenues depuis la soirée de mercredi dernier n'ont fait que renforcer la tendance à la hausse. Tout est disponible, mais à quel prix ? Les détaillants évoquent comme excuse la flambée des prix au marché de gros, et les grossistes mettent en exergue la difficulté rencontrée par les agriculteurs à récolter leurs produits agricoles à cause des fortes pluies enregistrées. Résultat : le kilo de pomme de terre a encore franchi la barre des 50 DA pour atteindre les 70 DA. Les tomates sont proposées de 70 à 80 DA, alors que les carottes sont à 70 DA. L'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) s'attend à d'autres augmentations des prix dans les jours à venir si le mauvais temps persiste. Selon Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, la pomme de terre pourrait atteindre les 100 DA le kilo. «Si les intempéries s'étalent, il est tout à fait prévisible que le prix de ce produit soit revu à la hausse pour atteindre les 100 DA puisque la demande dépassera largement l'offre», explique M. Boulenouar. Cette situation incombe également à la mauvaise organisation du secteur, où aucun contrôle n'est instauré sur les commerçants du marché de détail. «L'écart entre les prix affichés au marché de gros et de détail est important, allant jusqu'à 70 DA», affirme notre interlocuteur, qui ajoute que la production nationale est «faible» et ne couvre nullement la demande. Rappelant que 6000 importateurs de fruits et légumes sont dénombrés en Algérie, il affirme qu'il y a un manque flagrant à combler, notamment en matière de marchés de proximité. L'échec du Syrpalac Dans le cadre du programme quinquennal (2009-2014), le président de la République s'est fixé la réalisation de plusieurs marchés de proximité et de 1000 locaux de détail. «Malheureusement, les élus locaux en place n'ont même pas fixé les assiettes où devront être réalisés ces commerces», regrette le porte-parole. Ce dernier évoque, par la même occasion, le manque de chambres froides, indispensables pour le stockage des légumes de saison. Interrogé sur le Syrpalac (Système de régulation des produits agricoles de large consommation), lancé par le ministre de l'Agriculture pour justement maintenir les prix des produits agricoles de large consommation, M. Boulenouar estime que ce plan a «complètement échoué, puisqu'il n'a pas donné les fruits attendus». Ainsi, les prix affichés dans les marchés sont à prendre ou à laisser. Les navets reprennent encore une fois le règne, durant la fête religieuse, car indispensables dans la préparation des plats traditionnels, 110 DA, a laitue est vendue à 60 DA, le poivron vert à 130 DA, les haricots verts à 130 DA, la betterave à 70 DA, les fenouils à 60 DA. Les fruits sont par ailleurs proposés à des prix carrément inaccessibles. Le prix d'un kilo de pommes a grimpé à 70 DA, alors que les oranges et mandarines primeurs encore acides sont à 200 DA. Les raisins en fin de saison sont à 350 DA, alors que les bananes passent à 140 DA. S'agissant des viandes rouges et blanches, le pessimisme est de mise. La viande ovine, qui a connu une légère hausse, se négocie à présent entre 750 et 780 DA/kg à l'instar du poulet, dont le kilogramme est proposé dans la fourchette des 280/300 DA.