A une année du jour J de l'élection présidentielle américaine, la campagne bat son plein à travers les Etats-Unis, et ce, dans un maelstrom ponctué par des sondages, des débats télévisés, des phrases assassines, des scandales, de la publicité partisane perfide, des arguments, des bévues et autres bourdes, une course effrénée à la collecte de fonds pour le financement de la campagne électorale de chaque candidat. Ils sont 8 candidats républicains ayant officiellement déclaré leur intention pour le fameux «ticket» pour la Maison-Blanche face au président Barack Obama, candidat des démocrates, briguant un second mandat. Aussi, tous les coups sont permis. Qu'ils soient de gueule, de cœur, de canif ou de théâtre. Une campagne opposant des bêtes politiques, les éléphants républicains à l'âne démocrate, symboles des deux partis aux USA, et cela, ne trompe pas énormément ! Etats-Unis. De notre envoyé spécial La campagne électorale proprement dit, celle des républicains, représentée par huit candidats, Mitt Romney (ancien gouverneur du Massachusetts), Rick Perry (gouverneur du Texas), Ron Paul (représentant du Texas), Michele Bachmann (représentante du Minnesota), Herman Cain (grand homme d'affaires, patron d'une chaîne d'établissement de pizza), Jon Huntsman (ancien gouverneur de l'Utah et ancien ambassadeur de Chine), Newt Gingrich (ancien président de la Chambre des représentants) et Rick Santorum (ancien sénateur de Pennsylvanie) — dont un seul, plébiscité en janvier 2012, fera face au président-candidat démocrate, Barack Obama —, est vécue aux Etats-Unis comme une «sitcom» ou encore une mini-série TV. Car les débats télévisés de la campagne des primaires républicaines (GOP, Grand Old Party) animés à travers le pays comme celles récentes de Caroline du Sud et de Washington D .C.- on est au 11e débat depuis du lancement de la campagne électorale et il reste deux autres prévus en décembre dans l'Etat de l'Iowa — sont vécus comme une sorte de «reality show» politique où les gens, les téléspectateurs, les électeurs attendent des réponses convaincantes quant au chômage rédhibitoire, la dette, la santé, la sécurité sociale, le déficit du budget fédéral, les inégalités sociales… Avec des aléas du direct, les happenings, les clashes, les antagonismes, les surprises, les anecdotes, le showtime, les perles, ces débats explosent l'audimat, et par conséquent, exercent une influence (à l'image subliminale) sur les consignes de vote. Les téléspectateurs se font une idée quant à la crédibilité du candidat (républicain), à travers un show TV politique dirigé par un modérateur, un journaliste sur CNBC, CNN, FOX News… Et pour cause ! Cette campagne présidentielle est aussi spectaculaire qu'imprévue pour ne pas dire imprévisible. VERDICT : 8 CA SUFFIT ! Les débats télévisés portant sur la campagne de l'élection présidentielle 2012 ont pris de l'importance pour le public américain parce que les considérant comme un reality show. Tout comme le programme The American Idol (télé-crochet découvrant des jeunes talents) où les téléspectateurs votent pour le candidat qu'ils «supportent» par SMS. Aussi, les téléspectateurs, qui sont aussi des électeurs, regardent et suivent une performance (débat TV) et puis rendent leur «verdict» et expriment, par voie de conséquence, leur jugement, leur avis, leur éventuel vote. «Les débats ont pris une grande importance, surtout quand les Américains sont devenus attachés aux téléréalités shows. Ces débats s'installent à un moment où des émissions de divertissement comme ‘‘American Idol'' s'est ancrée dans la culture et par extension, dans celle télévisuelle. Actuellement, le jugement n'est pas émis par un journaliste professionnel «embeded» (suivant les candidats). Maintenant, c'est instantané. C'est un âpre et dur verdict qui n'est pas rendu par des gens rompus à la politique mais par un citoyen qui n'est pas apolitique», explique Steve Schmit, ayant aidé le sénateur John McCain lors de la campagne présidentielle de 2008. Dans le New York Times, Ronald A. Klain, ancien chef du staff du vice-président Joseph R. Biden et ayant officié comme coach de débats TV pour des candidats à la présidence et à la vice-présidence dissèque le débat télévisé républicain : «Les républicains sont beaucoup plus des figures médiatiques que des candidats. Ils sont extrêmement télégéniques. Si votre job était de faire un casting pour une série de reality shows intitulé ‘‘Les débats présidentiels républicains'', ce groupe sera pris pour ce programme. Les gens aiment voir et savoir les «ups and downs» (les hauts et les bas) des candidats. Est-ce que Michele Bachamann (candidate du Minesota) va faire mieux ? Est-ce que Mitt Romney et Rick Perry vont «s'accrocher» ? Est-ce que Herman Cain a compris la question ? Ils adorent voir des tranches de vie interactive. Aussi, cela a motivé un tel comportement cathodique. La preuve ! Je regarde plus de débats républicains que je le faisais en 2008… Nous sommes un peu dans le ‘‘tu vois toi-même et tu juges toi-même.''» LE DéBAT, UNE MINI-SéRIE TV De front, Steve Schmit suit les débats TV républicains pour des raisons stratégiques. Le président-candidat démocrate, Barack Obama, pourrait faire appel à ses services, comme spin doctor (conseiller), pour la préparation des débats contre le candidat républicain nommé en janvier 2012. A l'image du producteur TV, Harry Thomason, ayant donné ce précieux conseil à l'ancien président des Etats-Unis, Bill Clinton, en 1992 : «Ne pas penser à chaque débat comme un débat détaché. Tu dois penser au débat comme une mini-série TV s'enchaînant.» Histoire de tenir en haleine les téléspectateurs et de rester branché sur les débats TV présidentiels. C'est une sorte de «drama»! Et de surcroît, les électeurs n'aiment pas les moments «surfaits». Parce qu'ils sont lassés du traditionnel discours politique et de la langue de bois. Ils attendent une authenticité. Ainsi, Herman Cain, le magnat de la pizza aux USA, accusé récemment par quatre femmes, des ex-employées, pour harcèlement sexuel, accumule les «gaffes». Un extrait de l'enregistrement vidéo d'une interview d'Herman Cain avec le Milwaukee Journal Sentinel a fait les beaux jours des télévisions et de YouTube. S'étant vu demander s'il était d'accord avec la façon dont Barack Obama avait géré le dossier libyen. «Je ne suis pas d'accord avec la façon dont il l'a géré pour la raison suivante», commence par répondre le candidat, avant de s'interrompre : «Euh non, ça, c'en est une autre», se reprend-il, visiblement mal à l'aise. «Attendez, il faut que je revienne en arrière, vous voyez, j'ai tous ces trucs qui tourbillonnent dans ma tête. Qu'est-ce que vous me demandez exactement, est-ce que je suis d'accord ou non avec Obama ?». Il vient de commettre une nouvelle bourde. De passage dans le quartier majoritairement hispanique de Little Havana, à Miami (Floride), Herman Cain a voulu flatter son auditoire en vantant les mérites du café qu'on lui offrait : «Comment dit-on le mot délicieux en cubain ?». Aussitôt, on le corrige : «A Cuba, cela se dit en espagnol». Faisant toujours les choux gras des médias, Herman Cain a eu cette «lubie» : exiger une protection rapprochée des Services secrets. Parce qu'il «serait menacé par une armada de journalistes le suivant de ‘‘trop près'' avec un lourd équipement et des… caméras». «OOPS !», 53 MINUTES POUR NE PAS CONVAINCRE ! Dans le zapping républicain figure un autre grand moment de solitude du gouverneur du Texas, Rick Perry, qui n'a pas pu «compter jusqu'à trois». Lors du débat républicain télévisé sur la chaîne CNBC au Michigan, il n'a pas pu énumérer une agence gouvernementale à Washington. «Je vais vous dire. Si je suis élu (président des Etats-Unis), ce sont trois agences gouvernementales que je vais éliminer. Celle du commerce, l'éducation et… Quelle est la troisième ? Allons voir !... ». Rick Perry a un blanc, un trou de mémoire et il a des difficultés de se souvenir du troisième organisme gouvernemental américain. Acculé par le journaliste-modérateur, John Harwood, Rick Perry, perd du terrain et de crédibilité : «Je ne peux pas. La troisième. Je ne peux pas trouver. Désolé, oops !». Un très long temps «mort» de 53 secondes. Une éternité pour Rick Perry ! A l'issue de ce «zapping», le magazine News Week a même intitulé un article «Le texan qui ne pouvait pas tirer droit». Sara Taylor, une spin doctor, ayant conseillé l'ex-président George Bush, est pessimiste quant à l'avenir politique de Rick Perry : «C'était une mort politique. On ne peut pas guérir et survivre à un moment comme celui-ci où vous avez un tel mauvais audimat lors des débats.» Une autre candidate républicaine au caractère entier, Michele Bachmann, la congresswoman du Minnesota, réagissant au «flop» de Rick Perry, s'est dite «très désolée pour lui». Coutumière du fait, Michele Bacchmann a déjà décoché une flèche du Parthes à l'endroit de ses «camarades républicains» : «Plusieurs républicains (candidats) aspirent à être de frugaux socialistes. Et qui sont équivoques à propos des droits des gays et de l'avortement». Et s'adressera aux journalistes pour leur dire que c'est à eux de découvrir les noms de ces candidats. Le président Barack Obama n'est pas épargné par la Dame de fer des républicains : «La politique étrangère de Barak Obama est mal pensée. Elle est mauvaise. Et elle est dirigée par le général Axelrod et ce, depuis Chicago». Une critique frontale faisant référence au conseiller David Axelrod. Michele Bachmann a même qualifié, en direct, de «extrêmement naïf» Rick Perry à propos de l'aide US au Pakistan (faisant un double jeu pour elle). RETOUR EN FORCE… TRANQUILLE DE NEWT GINGRICH Au chapitre des sondages, le candidat républicain, Newt Gingrich, l'ancien président de la Chambre des représentants — ayant travaillé avec le président Bill Clinton dans les années 1990 — est en train de se hisser et de se repositionner en tant que leader dans les polls (sondages), 22% (USA Today Gallup Poll, le 22 novembre 2011). Il reprend du poil de la bête (politique) surtout après l'épisode du début de cette année. Une déconvenue quant à ses dépenses frénétiques en début d'année. Newt Gingrich aurait gaspillé des centaines de milliers de dollars pour offrir des bijoux à sa femme. Aussi, quinze de ses aides de campagne ont-ils démissionné. Leur grief : Newt Gingrich devrait faire des croisières avec sa femme en Grèce que de battre campagne dans l'Iowa. Ayant pris du recul et marqué une pause de réflexion, le candidat Newt Gingrich, depuis le débat de Washington D.C., émerge du lot. Car il est plus intelligible, pédagogique, convaincant et éloquent, vulgarisant des références par rapport à l'histoire. Et il est apparu plus humain et tolérant avec les immigrants illégaux aux USA. C'est le candidat républicain leader actuel des sondages. LA COURSE DE… «FONDS» DE LA CAMPAGNE éLECTORALE En matière de financement, la campagne électorale pour la présidentielle de 2012 a accumulé plus de 186 millions $, selon la Commission fédérale des élections : Mitt Romney (32,6 millions $), Rick Perry (17,2 millions $), Ron Paul (12,8 millions $), Michele Bachmann (7,5 miilions $) ou encore Newt Gingrich (2,9 millions $). Mais le président-candidat démocrate, Barack Obama, «coiffe au poteau» tous ses rivaux avec une collecte de fonds de l'ordre de… 99,6 millions $ par opposition à McCain, en 2007) ou à Bush (84,7 millions $, en 2003). Soit une somme dépassant celle de tous les candidats républicains réunis. Le président Obama a bien travaillé dans les milieux urbains, surtout ceux de New York, Californie et Chicago. Et, contrairement à ce qu'on croit, la moitié (52%) de son financement électoral provient de petites donations (moins de 200 $). Le postulat électoral, ici aux Etats-Unis, est intraitable concernant les déclarations financières et patrimoniales : «You play clean or mean» (Tu joues clair ou opaque).