Située à 2000 km de la capitale, In Ghar, chef-lieu de daïra et de commune semble oubliée des programmes de développement. Elle vient à peine de connaître le lancement de son premier réseau de gaz de ville en cette fin d'année 2011. Treize ans après le raccordement des premiers foyers de Tamanrasset et In Salah au réseau de gaz de ville, c'est donc au tour d'In Ghar, à 650 km du chef-lieu de la wilaya de Tamanrasset d'espérer un raccordement imminent à cette énergie propre et confortable. Alors que le réseau de transport du gaz de ville vient d'être finalisé pour un montant de 2800 millions de dinars, c'est au tour du réseau de distribution du gaz de ville d'un linéaire de 65,141 km pour un montant global de 163 millions de DA. Il a suffit d'annoncer le lancement des travaux de réalisation le week-end dernier pour plonger toute une population dans l'euphorie totale. Une population qui attend patiemment depuis des décennies sa part de modernité et de confort, et qui n'est point insensible aux dernières découvertes de gaz dans la région du Tidikelt dont elle fait partie, quoiqu'elle continue à affronter le quotidien avec des bouteilles de gaz butane qui coûtent entre 250 et 300 DA. Ce sont donc 2623 foyers qui bénéficieront dans quelques mois du gaz de ville. In Ghar, la plus anonyme des villes de l'extrême-sud existe depuis trois siècles et vit à l'ombre d'In Salah, la capitale du Tidikelt, qui elle-même peine à faire valoir ses droits à un vrai développement malgré l'importance des gisements gaziers qui font d'elle une zone particulièrement riche. Ainsi, entre l'éloignement et la rudesse du climat et du relief, ces localités souffrent d'immenses problèmes d'aménagement et de modernisation urbaine, non pas qu'elles soient dépourvues de moyens mais tout simplement oubliée, leur tour n'arrivant jamais puisqu'il s'agit de daïras n'ayant ni l'attractivité de Tamanrasset, le chef-lieu de wilaya et encore moins ses spécificités climatiques et touristiques. Ces zones représentent en effet le véritable désert du Sahara avec toute sa beauté sauvage et sa rigueur. Un vent de sable qui isole la région durant plusieurs mois de l'année, une chaleur qualifiée de record mondial, un soleil qui trempe la zone dans un enfer indescriptible plus de sept mois, et un ensablement qui gâche tout effort d'amélioration de l'infrastructure routière et autres moyens basiques de la vie. In Ghar, mondialement connue par son immense forêt pétrifiée située à 4 km à l'ouest de la ville et qui s'étend sur plusieurs kilomètres, est donc l'illustration de la petite ville saharienne à faible peuplement puisqu'elle compte à peine 11 000 habitants répartis sur les quartiers de Tourfine, Tagza, Chouiter, nouveau Ksar, Meliana, Akbour et Sebkha. Car, malgré une superficie globale de 28 969 km2, la daïra reste trop faiblement meublée, ses habitants sont pour la plupart de valeureux agriculteurs qui pratiquent une agriculture de subsistance où une trentaine de variétés de dattes sèches sont cultivées pour rentrer dans le troc commercial avec les pays d'Afrique subsaharienne voisins, mais aussi les céréales, légumes du potager, condiments et herbes aromatiques et médicinales. Des cultures qui permettent à chaque famille d'avoir un minimum d'autosuffisance de part l'effort conjugué de tous ses membres qui s'adonnent au travail de la terre par habitude. Et, contrairement à d'autres régions du Sud, les femmes sont très présentes dans les palmeraies où elles veillent personnellement au grain en axant leurs efforts sur le blé dur très affectionné dans la région et où sa farine est utilisée quotidiennement dans la préparation de différents mets mais aussi les jardins potagers où des légumes de base sont cultivés. Pour une population rurale combattante, le gaz de ville dans le foyer est une aubaine inespérée et tant attendue pour la wilaya de Tamanrasset, où le taux de pénétration du gaz de ville est d'à peine 12 % actuellement, In Ghar, la 3e ville de la wilaya marque un progrès estimé à sa juste valeur.