Le manque de cohésion entre l'APW et l'exécutif de wilaya bloque l'exécution de recommandations des différentes sessions de l'assemblée. L'assemblée populaire de wilaya (APW) de Bouira boucle la quatrième année depuis son installation en 2007. L'heure des bilans a sonné. L'instance élue a-t-elle accompli sa mission? A-t-elle été à la hauteur des aspirations des citoyens qui l'ont élue? Et les élus, ont-ils honoré, durant ces quatre dernières années, leurs engagements électoraux? Difficile de répondre. Mais pour les élus et les citoyens, les avis et les appréciations divergent. Le bilan est mitigé si l'on se réfère au sous-développement dont pataugent plusieurs régions de la wilaya. Pour Kechadi Achour, élu RCD, l'assemblée dominée par le FLN a failli à sa mission. «L'APW devrait être utilisée pour relayer les préoccupations des citoyens. La majorité n'a pas encore pris conscience des missions de cette institution, à savoir, entre autres, le droit de regard sur tout ce qui touche au développement local de la wilaya. De ce fait, il y a eu l'hégémonie qui n'a pas permis à l'assemblée de s'imposer devant l'exécutif de la wilaya», souligne M. Kechadi. Plusieurs élus sont de cet avis. D'aucuns estiment que l'APW n'est qu'une chambre d'enregistrement qui n'arrive pas à s'imposer localement pour mieux contrôler, comme la loi le stipule. Sur certaines affaires ayant défrayé la chronique, l'assemblée n'a pas souhaité prendre des mesures adéquates bien qu'il s'agisse de l'intérêt général. Et le meilleur exemple dans ce cas est l'affaire de l'éducation nationale. «La loi de l'omerta règne au sein de l'assemblée concernant certains dossiers à savoir le commerce, l'éducation, le tourisme, la culture, l'hydraulique, etc. En d'autres termes, il y a une incohérence manifeste entre l'exécutif et l'APW et un refus d'exécuter les recommandations émanant de l'instance élue», explique Meziane Châbane, un élu du RCD. Cette incohérence se traduit d'emblée par le fait qu'à chaque session de l'assemblée populaire de wilaya ce sont les mêmes recommandations qui concluent les débats. Il n'y a que le rassemblement pour la culture et la démocratie, souligne M. Chabane, qui «résiste, défend et arrache» certaines revendications bon gré mal gré, «parce que nous n'avons rien à nous reprocher». Du côté des citoyens interrogés sur l'APW, c'est l'indifférence totale. «Ils n'ont rien fait pour que la situation s'améliore. Plusieurs membres de l'APW sont dociles et ne courent que derrières leurs propres intérêts», dit un quinquagénaire. Toutefois, ce que les uns et les autres pourraient dire sur le fonctionnement de cette assemblée, Rmili Mohamed, son président qui est d'obédience FLN, ne l'entend pas de cette oreille. Il relève que l'APW a participé au développement de la wilaya. «L'assemblée populaire de wilaya (APW) a bien joué son rôle durant ces quatre dernières années et le bilan est très positif. Ainsi, la complémentarité qui existe entre l'assemblée et l'exécutif a permis de réaliser plusieurs projets de développement», a-t-il souligné. Quatre ans après les élections locales, les promesses d'un lendemain radieux n'ont pas encore été tenues. Les beaux discours n'ont suscité que mécontentements. Les mouvements de protestation qui ont eu lieu ces quatre dernières années à travers la wilaya suffisent pour comprendre que rien n'a été fait au profit du citoyen.