John Galliano a célébré lundi dernier avec éclat la passion sous le signe de Dior, dans une débauche de rouge parfois sanglant qui s'associe au noir pour des inscriptions gothiques ou éclabousse des mousselines claires, au premier jour des défilés de haute couture à Paris. Dans une tente plantée dans le Bois de Boulogne qui abritait des gradins de cuivre baignés d'une lumière rouge, John Galliano a donné le ton dès le premier modèle : une spectaculaire cape de satin cramoisi brodée, qui laisse échapper un sillage de mousseline noire. Capes et manteaux se succèdent, souvent spectaculaires, masquant la bouche. Seuls les cheveux, couleur platine, et les yeux émergent ainsi du vaste col d'une veste en cuir rouge, portée sur une robe de tulle ou d'organdi. Les manteaux s'ouvrent sur des robes chair, portées avec des bottes, un crucifix sur la poitrine. Des rivets géants trouent le dos et se prêtent au laçage d'une bande d'étoffe, ou tracent comme des pointillés sur les côtés, comme sur ce fourreau de cuir marron peint à la main. Des guêtres moulent les jambes prises dans les bottes. Des corsets enserrent le buste d'une robe de tulle et de mousseline écrue brodée. Le cuir est très présent, rouge ou marron, en capes, en vestes très structurées, peint à la main ou brodé. John Galliano rend également un hommage discret au XVIIIe siècle, avec de volumineuses robes d'organdi, de dentelle ou de tulle, où l'étoffe repose délicatement sur quelques arceaux ou baleines. La devise de la République française - liberté, égalité, fraternité - s'imprime ainsi sur la robe de mariée, toute en tulle, de mousseline et de taffetas écru brodé, qui laisse entrevoir aussi une effigie de Napoléon.L'humour n'est pas absent, comme en témoigne notamment le squelette noir qui orne une robe en lin, taffetas et cuir rouge brodé, dont la jupe se gonfle d'un seul côté comme une crinoline asymétrique. A la fin du défilé, John Galliano apparaît dans des éclairs de lumière et une musique assourdissante. Tout de noir vêtu, il brandit une épée en guise de salut, avant de disparaître. La sobriété était de mise en revanche chez Felipe Oliveira Baptista qui, fidèle à son goût pour le noir, a présenté sous la coupole du Palais des découvertes une collection jouant autour de cette couleur, du blanc et du bleu. Mais surtout, il s'est employé à mêler les étoffes dans une même pièce. Les jupes de soie plissées ou volantées, les pantalons de soie prêts du corps, les jupes droites avec empiècement de damier noir et blanc, les tailleurs à basques dessinent une silhouette fine et fragile. Mais les épaules se couvrent de grands pétales de coton épais et rigide, des sortes de holsters ou de morceaux de carapaces masquant une partie du buste.