«Le tissu africain porte en lui l'âme des peuples, c'est le digne conteur de nos savanes.» Marysa Issonou D'jék, conteuse togolaise et artisane, a peut-être percé le secret du succès des étoffes africaines : basin, bogolan, batik, wax ou kenté. Un signe aussi de reconnaissance de l'artisanat africain dans le monde. «Nous avons longtemps été relégués au rang de primitifs qui ne savent rien faire de leurs dix doigts. Pourtant, nous disposons d'un savoir-faire africain, qui n'a été que tardivement reconnu», précise Marysa. Les vêtements africains sont aujourd'hui à la mode en toutes saisons. En pagne ou en wax, les tissus rehaussent une tenue classique, donnent de la couleur ou soulignent la personnalité. La tradition africaine du textile existe toujours, mais elle est en mutation, les couleurs et les formes ont changé. Les pays comme le Nigeria, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et la Côte d'Ivoire, autrefois fief de la fabrication artisanale, doivent s'adapter à l'industrialisation et à la concurrence asiatique. «Ma famille s'est lancée dans la production du tissu depuis que nous avons acheté quelques champs de coton en Côte d'Ivoire, se souvient pour sa part Marysa. La fabrication de tissu s'est imposée d'elle-même. Le procédé est plutôt simple, à condition que le résultat plaise aux clients.» Les motifs, les techniques de tissage, les couleurs ou encore la qualité du coton, tout doit être soigneusement sélectionné avant la fabrication d'une étoffe. Dans la majorité des sociétés africaines, le tissu est symbole de richesse, et dans certains cas réservé à une élite. «Quand je partais en tournée à l'étranger, je ne pouvais trouver des tissus qui soient proches de mon caractère, les tons unis me rendaient malade, raconte Marysa. Je relookais même les techniciens et mon staff. Je ne suis pas étonnée qu'on retourne vers les tissus africains, porteurs de vie !»