Rencontrée lors du FIMA 2011 à Niamey, la directrice du cabinet de conseil, spécialisé dans la promotion des stylistes, créateurs et professionnels du textile, explique comment parvenir à commercialiser la mode africaine aux Etats-Unis. - Pensez-vous que les stylistes africains sont conscients des services que vous offrez ? Je pense que les stylistes et créateurs commencent à prendre conscience que pour dépasser certains obstacles (la plupart sont des créateurs, mais pas des chefs d'entreprise, ndlr), ils doivent s'entourer de personnes, d'agences ou d'entreprises leur permettant de développer et de commercialiser leur image et leur marque. Ma participation au FIMA 2011 a été positive dans le sens où la plupart des créateurs se sont montrés intéressés, voire enthousiasmés par les services proposés par K-Connection. Ces services sont novateurs parce qu'ils répondent à leurs besoins et leurs demandes, et jusqu'à présent, aucune agence ne leur avait proposé des solutions d'ensemble. - En Afrique, les nouvelles technologies et réseaux sociaux contribuent largement à promouvoir les artistes, est-ce suffisant ? C'est vrai, les nouvelles technologies ont permis à la mode africaine d'être largement diffusée, et l'engouement qu'elle suscite est dû pour beaucoup à la présence des professionnels de la mode sur les réseaux sociaux. De plus, l'apparition puis la prolifération des blogs spécialisés dans la mode africaine, mais aussi de photographes spécialisés sur ce créneau (Marc Richez, Romain Nicolas, Frédéric De LaChapelle, etc.), de magazines (Arise Magazine, Black Fashion Magazine, Oh Yes Magazine, etc.), d'évènements et défilés de mode africaine en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis ont largement contribué à promouvoir les artistes et créateurs africains. - En quoi consiste votre travail, et comment sélectionnez-vous les créateurs ? Mon activité est tout d'abord un travail d'accompagnement des créateurs dans le développement de leur marque à l'international. Je dis «accompagnement», parce qu'une grande partie de mon travail ressemble à du coaching, dans le sens où beaucoup savent qu'ils ont besoin des services de K-Connection, mais ils ne savent pas trop par où commencer ni les solutions qui correspondraient aux besoins spécifiques de leur marque. Je retourne alors à la base de toute entreprise prospère et je la conduis dans la création d'un plan d'affaires. Ensemble, nous définissons la gamme dans laquelle ils veulent se spécialiser, celle qu'ils veulent médiatiser et commercialiser. Après nos séances de travail en général, mes clients et moi en savons un peu plus sur leur image, celle qu'ils veulent véhiculer et comment ils veulent la véhiculer. - Vous les aidez en fait à rationaliser leur travail… Nous déterminons le meilleur moyen d'atteindre les objectifs. De plus, si c'est nécessaire, je les accompagne au niveau administratif, dans le dépôt de leur marque et dans la recherche de subventions. Une fois que ces bases sont posées, nous cherchons parmi les options que je leur propose celle qui correspond le mieux à ce qu'ils recherchent pour leur marque. Je dirige certains vers des showrooms et d'autres vers des boutiques. Certains veulent s'orienter vers la grande distribution, d'autres préfèrent continuer de produire des pièces uniques en petites ou moyennes quantités. Il y a ceux qui veulent mettre l'accent sur la commercialisation de leurs créations, d'autres sur les relations publiques. Certains ont besoin d'accompagnement au niveau de la production, d'autres voudront voir leurs créations portées par des célébrités. Chaque marque a sa spécificité et je m'y adapte le mieux possible. - Quel est l'impact du FIMA 2011 sur votre travail ? Au-delà de l'aspect mode, le FIMA 2011 a été pour moi la réunion de tous ceux qui croient en l'Afrique, en son potentiel, tous ceux qui ont la capacité et la volonté de donner une autre image du continent, de faire avancer les choses. Le FIMA 2011 a rassemblé un bon nombre d'acteurs de la mode africaine (la mode vue par des créateurs inspirés par le continent), que ce soit les stylistes, les professionnels du backstage, les médias, les mannequins et les hommes d'affaires. Tous ont à cœur de présenter leur travail au monde, avec le message que ce qui se fait en Afrique et ce qui vient d'Afrique peut et doit avoir sa place sur la scène internationale. C'est que la mode venue d'Afrique est bel et bien vivante et active. C'est une industrie qui non seulement est en train de se développer, mais qui est surtout en train de se structurer. Les créateurs commencent à comprendre qu'ils ne peuvent pas tout faire par eux-mêmes, qu'ils ont besoin de professionnels pour communiquer et entretenir leur relation avec leurs clients et leur population cible. Ils ont besoin de professionnels pour transmettre leur message et leur image, pour commercialiser leur art.