Les professionnels de la santé sont exposés à tous les dangers, surtout durant les gardes. Si le renforcement de leur sécurité est indiscutable, l'assainissement de leurs rangs ne l'est pas moins. Il est notoirement établi qu'à Annaba aucune structure sanitaire n'est épargnée par la violence. Le personnel soignant -médical et paramédical- se plaint constamment du comportement agressif des accompagnateurs des malades et à un degré moindre des patients eux-mêmes. Et c'est le personnel en poste au service des urgences médicales qui est le plus exposé, notamment en période de garde. Reconnue comme étant un problème sérieux en Algérie, la violence à l'encontre du personnel soignant concerne tous les services de santé. Que ce soit aux urgences de l'hôpital Dorban, Ibn Rochd et Ibn Sina ou même des hôpitaux pédiatriques Sainte Thérèse et d'El Bouni, aucun médecin ou infirmier n'est à l'abri d'une agression physique ou verbale. «La violence des rues déborde dans les établissements hospitaliers. En outre, le stress inhérent à cette situation est un facteur majeur qui contribue à la violence dans ce milieu», signalent de nombreux agents de la santé. Contactés, plusieurs médecins reconnaissent que « Le fléau touche l'ensemble du personnel soignant, qu'il s'agisse des femmes ou des hommes, même si le risque est variable. En premier lieu, c'est le personnel ambulancier qui est extrêmement exposé. Les médecins et les infirmières sont également fortement concernés après l'évacuation.Cela est prouvé par plusieurs enquêtes». Résultats: des conséquences d'une violence aussi fréquente sur l'offre dans le secteur de la santé, avec, entre autres, la dégradation de la qualité des soins et l'abandon des professions de santé par le personnel. La situation peut aboutir à une diminution de l'offre au public et à une augmentation des coûts dans le secteur privé. Dans les pays en développement notamment, l'accès généralisé aux soins est menacé si le risque de violence conduit le personnel, déjà en quantité insuffisante, à abandonner le secteur de la santé. Ces conséquences sont le résultat d'une étude réalisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette dernière déplore une absence de directives spécifiques aux lieux de travail pour éviter la violence ou y réagir. Cette situation entraîne une notification inférieure au nombre des incidents, un suivi insuffisant de ceux qui sont signalé, l'absence de sanction contre leurs auteurs et le mécontentement des victimes. L'absence des services de sécurité, en nombre dissuasif, contribue également à l'impunité qui encourage davantage les comportements agressifs contre le personnel soignant.