Les formations politiques ont unanimement dénoncé les récentes déclarations de Madani Mezrag qui non seulement portent atteintes à la mémoire collective des Algériens, mais tendent à replonger l'Algérie dans les années de la décennie noire. Le FLN, par la voix de M. Bouhadja, secrétaire national chargé de l'information, admet que le « projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale » permet à tout Algérien de s'exprimer en tant que citoyen. « On ne peut pas revenir à la période pré-concorde civile. On vit dans une ère d'après-la réconciliation nationale », tient-il à souligner pour situer le contexte politique actuel. Cependant, ajoute M. Bouhadja, « il est impossible de revenir en arrière », visant, sans le nommer, Madani Mezrag qui ne cesse de remuer le couteau dans la plaie Le responsable du FLN juge, à ce propos, inadmissible de « heurter la sensibilité des citoyens ». A propos de la création d'un parti politique, comme annoncée, avant-hier, par le chef de l'ex-AIS, M. Bouhadja, se référant toujours au « projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale », déclare attendre les dispositions de lois d'application de ladite charte pour se faire une vision plus claire. Il faut noter, à ce sujet, que ladite charte interdit explicitement toute activité politique aux responsables de la tragédie nationale. De son côté, le parti de Saïd Sadi, le RCD, a été des plus virulents en affirmant que « la vassalisation de la République et des institutions par le pouvoir ont laissé place à des chefs terroristes de s'exprimer aujourd'hui ». Notre interlocuteur ajoute que « la charte pour la paix et la réconciliation nationale » a donné l'occasion aux fossoyeurs de la République de s'exprimer en toute liberté. « Le pouvoir actuel est seul responsable du danger qui guette l'Algérie dans la perspective de reconstitution de l'ex-FIS, en se prétendant sous un deal entre le pouvoir et les islamistes », met en garde le RCD, pour qui l'Algérie de 2006 n'est guère celle des années 1990. « La société algérienne est vaccinée aujourd'hui contre l'islamisme », dira M. Khendeq. Le RCD lance un appel aux véritables démocrates pour un sursaut de dignité pour l'Algérie moderne. Selon le RCD, l'ambiguïté du contenu de la « charte pour la paix et la réconciliation nationale » conjuguée à l'absence de textes de lois clairs ont laissé le champ libre à l'ex-FIS d'occuper la scène médiatique. Plus grave encore, déplore le parti de Saïd Sadi, « le pouvoir pense avoir comme ennemi les démocrates qui ont sauvé le pays lors de la décennie noire ». Pour sa part, la formation d'Ahmed Ouyahia, le RND, par la voix de M. Chihab, qui reste attaché à l'initiative de la réconciliation nationale et à sa réalisation, condamne « les excès de comportement » et les déclarations « irresponsables » de Madani Mezrag. « C'est de l'inconscience », dira M. Chihab. Concernant l'éventualité de la création d'un parti politique par l'émir de l'ex-AIS, notre interlocuteur souligne que « l'expérience de l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques a montré ses limites » et seuls le progrès et la modernité peuvent sauver le peuple algérien. Le MDS, quant à lui, s'insurge contre le retour des islamistes de l'ex-FIS qui essaient de se refaire une virginité après une décennie sanglante qui les a opposés aux forces patriotiques et démocratiques. « Le pouvoir poursuit des objectifs qu'il ne peut exprimer publiquement », relève Hocine Ali, secrétaire général par intérim. Le parti du défunt El Hachemi Chérif déclare soutenir les parents des victimes du terrorisme qui ont déposé plainte contre Madani Mezrag. « Nous refusons l'approche du pouvoir selon laquelle tout le monde est coupable. Le pouvoir veut mette dos à dos l'islamisme et la société. C'est inacceptable », dira Hocine Ali, outré. Selon lui, le pouvoir a confisqué la victoire de la société qui a combattu l'islamisme.