Les réformes politiques, l'impact des évolutions régionale et internationale sur notre pays, l'Etat de droit, le quota des femmes… sont, entre autres, les thèmes développés par des juristes, des militants des droits de l'homme et des politiques à l'occasion d'un débat organisé, hier à Alger, par le Mouvement des droits et libertés (MDL). Le débat autour de ces questions était contradictoire. L'ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, a tenté d'analyser les dernières évolutions au Maghreb et leur impact sur l'Algérie et la position de notre pays face à ces événements. Il entame son intervention par une série de questions : comment peut-on qualifier ce qui se passe actuellement dans la région arabe ; est-ce un réveil ? Une révolte ? Une révolution ? Ou bien un événement ? Les Anglo-Saxons, explique-t-il, parle d'un réveil, les pays arabe parlent de printemps et les masses évoquent la révolution. L'ancien ministre décortique ces concepts. En parlant d'éveil, M. Rahabi souligne que ce qui se passe dans le Monde arabe n'est qu'une quatrième génération d'une réforme. «Nous ne sommes pas une société qui programme son destin, mais nous le subissons uniquement», note-t-il. Il précise que le discours du président Bouteflika, annonçant une panoplie de réformes, a eu lieu après la chute de Ben Ali en Tunisie, ce qui amène l'orateur à s'interroger si l'Algérie est en décalage avec ce qui se passe chez nos voisins ou en avance ? Point de réponse, car de l'avis de M. Rahabi, l'accélération de l'histoire empêche les observateurs d'élaborer des analyses à temps réel pour comprendre les raisons de toute cette colère. En parlant d'événements, M. Rahabi est persuadé que ces mouvements n'ont pas débuté en Algérie, mais ont commencé au Maroc avec la grève du pain. «Il y a eu une construction de la contestation, les syndicats se sont préparés depuis de longues années, de même pour le mouvement associatif… ils attendaient le déclic», fait-il remarquer. Mais quelles sont les conséquences de ces crises sur notre pays ? L'orateur évoque une double perception ; d'un côté la sympathie des Algériens pour les peuples de ces régions et de l'autre, la méfiance et la peur du gouvernement algérien de la contagion. Mais le plus grave, c'est la discordance existant dans le discours officiel. «Certains hauts responsables ont évoqué l'éveil, d'autres la révolution, certains le printemps… Il n'y a pas eu de cohérence dans leur discours. Il y a eu une rupture de consensus dans la perception et cela a créé un décalage entre les Algériens sympathisants et le gouvernement méfiant», explique le conférencier. Pour sa part, maître Miloud Brahimi pense que la démocratie n'est pas uniquement une technique. Intervenant par la même occasion, la constitutionnaliste, Mme Benabbou a mis l'accent sur les amendements apportés au projet de loi portant sur la promotion politique de la femme. Elle estime que ce texte de loi est de nature à introduire «les mesures de discrimination positives», estimant qu'elles doivent avoir pour effet de corriger dans les faits les inégalités existant dans les sociétés. «Ces mesures peuvent prendre la forme de quotas pour les femmes. Un système complexe qui peut aboutir à des résultats inextricables. Une loi doit être intelligible et non pas un neutron législatif. Si j'étais membre du Conseil constitutionnel, j'annulerais tout simplement ce texte», lance-t-elle. S'exprimant sur les textes de loi «des réformes politiques», le député Ali Brahimi remet en cause «l'apport réel du Parlement lors du vote sur ces textes de loi». «Le verrouillage de la vie politique n'a pas empêché une ébullition sociale», explique-t-il, allusion faite aux émeutes de janvier dernier qui ont contraint le pouvoir à revoir sa politique. Ali Brahimi critique, dans ce sens, la démarche du pouvoir qu'il qualifie d'anarchique.