Quatrième cancer chez l'homme, le cancer de la prostate est en nette augmentation en Algérie, et il touche de plus en plus les jeunes. Aucune estimation officielle sur l'incidence et la prévalence de cette maladie n'est aujourd'hui disponible, déplorent les spécialistes, pourtant la maladie gagne du terrain. Les urologues dénoncent l'absence d'un registre national et local du cancer de la prostate sur lequel pourrait être établie une véritable stratégie de prise en charge de cette maladie qui est guérissable suite à un diagnostic précoce. Le sujet a été au centre des débats depuis vendredi dernier, durant deux jours à Alger lors du 7e Congrès de l'Association algérienne des urologues privés (AAUP). Le président de l'Association, le Dr Karim Hachi, indique que ce cancer est sous-diagnostiqué et sous-déclaré. Les moyens de traitement sont disponibles en Algérie, au premier plan la prostatectomie radicale qui permet de guérir le patient quand le cancer est localisé. L'hormonothérapie est également disponible et remboursée par les caisses de sécurité sociale. La prise en charge du cancer de la prostate est, selon le Pr Adjali, chef de service d'urologie à l'hôpital Maillot à Alger, se fait en fonction de son stade, et différentes options thérapeutiques sont disponibles : surveillance, traitement hormonal, radiothérapie ou chirurgie. «Certains patients relèvent de la chirurgie, d'autres nécessitent et la chirurgie et la radiothérapie. Il arrive aussi que, faute de radiothérapie, l'on propose la chirurgie.» Il estime que 80% des cas de cancer de la prostate bénéficient d'un acte chirurgical ou bien d'une chirurgie et d'une hormonothérapie. Pour le Dr Benakila Kamel, maître-assistant dans le même service, le cancer de la prostate localisé est de plus en plus diagnostiqué précocement grâce au dosage de la PSA, la biopsie prostatique et l'échographie guidée, d'où la nécessité de la mise en œuvre des traitements curatifs. Il s'agit, explique-t-il, de la prostatectomie totale. Il relève que la maladie touche de plus en plus des sujets jeunes, entre 50 et 52, ans d'où l'intérêt d'un traitement radical avec une meilleure qualité de vie par rapport aux effets néfastes qui sont l'incontinence urinaire, la dysfonction érectile, etc.) et assurer un meilleur suivi. Une étude est d'ailleurs en cours sur le traitement radical par la prostatectomie et les résultats seront rendus publics le mois prochain. Le traitement par la radiothérapie conformationnelle du cancer de la prostate localisé est, selon le Pr Boualga, chef de service de radiothérapie à l'hôpital de Blida, l'indication obligatoire aujourd'hui. Il signale que 200 nouveaux cas par an de cancer de la prostate localisé arrivent au sein de son service et 130 ont bénéficié de la radiothérapie conformationnelle dont les résultats sont satisfaisants. Les 70 autres, qui avaient des cancers avancés, ont été traités par l'hormonothérapie et la radiothérapie classique. La radiothérapie conformationelle introduite en 2008 à Blida apporte un plus, explique le Pr Boualga, dans l'amélioration du taux de survie et surtout de la diminution des effets secondaires de la radiothérapie conventionnelle, à savoir l'incontinence urinaire, rectite, cystite, l'inflamation de la vessie et la dysfonction érectile). Comme elle permet, poursuit-il, d'éviter d'irradier d'autres organes sains et donner une dose efficace à la prostate. «Les résultats sont souvent satisfaisants, et cette technique procure une meilleure qualité de vie sur le plan surveillance et la normalisation probante des PSA. Avec ce suivi, nous souhaitons atteindre le taux de 80 à 85% de survie à 5 ans et faire éviter la lourdeur de la chirurgie et l'hospitalisation», a-t-il indiqué. Avec l'installation de nouveaux équipements, ajoute-t-il, cette technique qui a un grand bénéfice dans le traitement du cancer de la prostate localisé sera bientôt lancée dans les services du CPMC à Alger, à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja et à Oran.