Le Premier ministre turc, Racep Tayyip Erdogan, a dénoncé le terrorisme d'Etat d'Israël et brocardé les dictatures arabes. Doha. De notre envoyé spécial Après le Cap et Rio, la capitale qatarie Doha accueille, du 11 au 13 décembre, le 4e forum de l'Alliance pour le dialogue des civilisations. Objectif : casser les barrières entre les peuples pour prévenir les guerres et les conflits. La musique adoucit les mœurs, dit-on, mais peut également faire danser et dialoguer entre elles les civilisations. A Doha, ce dicton remanié semble avoir pleinement trouvé son sens à l'occasion du forum international pour le dialogue des civilisations, ouvert par un quatuor de musique classique à connotation orientale. Placé sous l'égide des Nations unies, le forum, comme l'a rappelé la princesse Mouza Bint Al Nasser, épouse de l'émir du Qatar, permettra de jeter des ponts entre les peuples pour construire le «vivre ensemble» et faire de la culture et de la civilisation un lien indéfectible entre tous les humains. Intervenant dans un contexte politique arabe difficile et une situation économique mondiale peu reluisante, le forum a permis la rencontre d'environ 2000 jeunes du monde entier qui ont échangé les expériences, les connaissances mais aussi les parcours. Dans son discours d'ouverture, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a fixé quatre impératifs que ce genre de rencontre se doit de prendre en compte. Un, accorder plus d'intérêt à la jeunesse mondiale pour qu'elle prenne mieux en charge son destin ; deux, la prévention des conflits par le biais de l'Alliance des civilisations ; trois, la construction d'un monde de plus en plus sécurisé et enfin accompagner les pays en voie de développement vers la transition politique et économique et les pousser à promouvoir les droits de l'homme. 2000 jeunes échangent leurs expériences Rappelant l'attentat qui a visé Oslo, il y a quelques mois et qui avait fait environ 70 morts, M. Ki-moon a estimé que cet acte constitue le meilleur exemple de non-respect des valeurs humaines et du principe le plus élémentaire : le droit de vivre. De son côté, dans un message télévisé, le Premier ministre turc, Racep Tayyip Erdogan, a estimé que le dialogue des civilisations est devenu une initiative mondiale. «L'écho de ce qui se passe au Qatar a atteint tous les pays arabes», a-t-il lancé aux participants. M. Erdogan a dénoncé Israël qui s'adonne, selon lui, à un «terrorisme d'Etat» où les enfants sont bombardés et tués et où les flottilles humanitaires sont attaquées. Il a appelé par ailleurs à mettre fin aux dictatures arabes qui tuent leurs peuples sans s'en soucier, regrettant le fait que Washington ne reconnaisse pas la Palestine comme membre entier au sein de l'Unesco. M. Erdogan a toutefois promis, avec d'autres Etats arabes, de compenser les 70 millions de dollars que versaient annuellement les Etats-Unis à cette institution culturelle pour pour son fonctionnement. Les propos du président autrichien, Hans Fisher, n'étaient pas très éloignés de ceux des premiers intervenants ; il a assuré que le dialogue des civilisations est le meilleur moyen pour relever les défis de l'éducation, de la santé ou tout simplement de l'avenir. «Le dialogue est le meilleur instrument pour que règne la démocratie», a-t-il fait savoir. Pour son homologue allemand, Christian Wolf, certes les régimes arabes sont condamnables, mais les pays occidentaux doivent, eux aussi, se regarder en face et changer leur vision vis-à-vis de l'islam. «L'Europe doit s'autocritiquer car elle a soutenu plusieurs pays autocratiques», a-t-il rappelé. Le forum de l'Alliance pour le dialogue des civilisations, dont les travaux vont durer jusqu'à demain, est le quatrième du genre. En 2009, le Brésil l'avait accueilli. En 2013, il fera halte en Autriche, avec l'espoir que les recommandations de Doha, de Rio et du Cap ne seront pas restées lettre morte.