Contre toute attente, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a décidé, hier à Vienne, d'officialiser sa production réelle qui est d'environ 30 millions de barils, alors que tous les observateurs avaient prédit un maintien du plafond officiel de 24,84 millions de barils par jour, décidé en décembre 2008 à Oran. A l'époque, l'OPEP avait réduit sa production de 4,2 millions de barils par jour en trois mois, de septembre à décembre, (500 000 barils en septembre, 1,5 mbj en octobre et 2,2 mbj en décembre). Les cours avaient, on s'en souvient, baissé à 30 dollars le baril en fin d'année, à mesure que les effets de la crise économique internationale se ressentaient sur la demande mondiale en pétrole. Selon les statistiques du secrétariat de l'OPEP, la production globale des douze pays membres de l'Organisation avait atteint 30,36 millions de barils par jour au mois de novembre dernier. Pour la même période, la production de l'Irak avait atteint 2,68 millions de barils par jour. La production des onze pays membres concernés par les quotas était de 27,68 millions de barils par jour. Le dépassement du plafond officiel était de 2,84 millions de barils par jour, si on prend en compte le plafond de production de 24,84 mbj décidé au mois de décembre 2008. Une situation qui semblait anachronique. Hier, l'Organisation a trouvé un consensus pour comptabiliser progressivement la production de pétrole libyen et intégrer celle de l'Irak. L'Irak, qui était absent des quotas officiels depuis le début des années 1990, réintègre le système et sera soumis au même titre que les autres membres au respect des décisions qui seront prises. C'est surtout pour éviter un conflit comme celui vécu lors de la réunion du mois de juin passé que les pays membres ont dû décider de ce consensus. A savoir officialiser la production réelle, y compris le dépassement des quotas par les pays du Golfe avec l'engagement ceux-ci qui ont augmenté leur production pour remplacer le pétrole libyen en retirant le surplus progressivement et à mesure que la production de la Libye augmentera. L'affrontement entre membres évité L'affrontement sur la réduction de la production par les pays du Golfe a été évité, surtout que des pays comme l'Iran et le Venezuela avaient interpellé indirectement l'Arabie Saoudite. Ainsi, la production réelle actuelle est officialisée vu qu'elle permet des prix considérés comme valables par les producteurs et elle ne sera pas augmentée vu les perspectives de baisse de la demande mondiale de pétrole pour l'année 2012. Le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a déclaré à la fin de la réunion à propos des prix : «Nous pensons que le niveau actuel est approprié pour les producteurs et les consommateurs.» Tandis que le ministre iranien du Pétrole, Rostam Qasemi, a estimé que «les prix sont raisonnables». Mais au fur et à mesure que la production libyenne de pétrole augmentera, les pays du Golfe devront baisser leur production en fonction de la hausse constatée en Libye. Le secrétaire général de l'Organisation, Abdellah El Badri, a résumé la situation en déclarant à la presse à la fin de la réunion et à propos des quotas : «Il sera nécessaire de les réviser l'an prochain, mais pas avant que la production libyenne ne retrouve son niveau normal.»Pour le responsable de l'OPEP, lorsque la Libye retrouvera son niveau de production de l'année 2010, les pays, qui ont augmenté la leur pour pallier l'absence du pétrole libyen sur le marché, vont réduire leur offre et ajuster leur production afin de respecter le plafond de 30 millions de barils par jour décidé hier. Le ministre vénézuelien, Rafael Ramirez, a abondé dans le même sens en déclarant : «Chaque pays ajustera sa production pour s'adapter au retour du brut libyen.» Comme il est prévu que la Libye retrouve son niveau de production d'avant-guerre de 1,6 million de barils par jour à la fin du premier semestre 2012, selon le secrétaire général de l'OPEP, la réunion du mois de juin 2012, qui aura lieu à Vienne, sera l'occasion de faire le point sur les quotas. L'autre décision importante prise, hier durant la réunion, est l'intégration de l'Irak dans le système des quotas. Ce membre de l'OPEP qui est absent de ce système depuis une vingtaine d'années est en train de retrouver progressivement la production de pétrole d'avant la première guerre du Golfe. Le dernier quota, qui avait été alloué à l'Irak du temps de Saddam Hussein, était de 2,8 millions de barils par jour. Symbole de ce retour de l'Irak au système des quotas, la présidence de l'Organisation pour l'année 2012 lui a été confiée à partir du 1er janvier. Hier, les prix avaient connu un recul sur les marchés, une baisse due à la décision surprise de l'OPEP et à la reprise du dollar face à l'euro. Le pétrole brut américain a perdu 4 dollars et était à 95,80 dollars le baril en fin de journée. Les pertes pour le brent ont été du même niveau et en fin de journée, il était à environ 106 dollars le baril.