L'Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui garde ses quotas de production inchangés, reste confrontée au problème du respect de ces derniers. En effet, et selon les données publiées hier par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les membres de l'Opep respectent très inégalement leurs quotas. Ainsi, parmi les membres les plus laxistes, le Nigeria n'applique pas du tout les réductions de production décidées par l'Opep, l'Iran -- qui prendra la président de l'Opep au cours du week-end à la suite de l'Equateur -- ne les respecte qu'à hauteur de 16% et l'Angola de 33%. De leur côté, la plupart des pays arabes du Golfe respectent à peu près leur objectif, appliquant les baisses de production qui leur sont imparties à hauteur de 84% pour l'Arabie saoudite, 87% pour les Emirats arabes unis ou 85% pour le Koweit. Enfin , le Venezuela, le Qatar, l'Algérie, la Libye et l'Equateur appliquent 42% à 56% des baisses qui leur avaient été demandées. L'Irak est dispensé de quota depuis 1990 en raison de la situation dans le pays, affectée par les sanctions internationales puis la guerre. Depuis le 1er janvier 2009, l'Opep s'est fixé un objectif global de production de 24,84 millions de barils par jour (mbj), valable pour 11 des 12 pays membres du cartel. Selon son dernier rapport publié vendredi, la production de l'Opep-11 (sans l'Irak) a atteint en novembre 26,76 mbj, dépassant donc de 1,92 mbj son objectif de 24,84 mbj. Les coupes dans la production décidées fin 2008 ne sont donc respectées qu'à 54%, selon l'AIE. Rappelons que les membres de l'Opep se sont réunis hier à Quito pour une réunion extraordinaire qui devait déboucher sur un maintien des quotas de production, un consensus pour le statu quo semblant déjà établi en dépit de l'envolée des cours du baril. A la veille de cette rencontre, organisée à l'initiative de l'Equateur -- qui assurait cette année la présidence de l'Opep --, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, chef de file du cartel, a assuré qu'"aucun changement" n'était à attendre. Un pronostic réaffirmé par les ministres de l'Angola, des Emirats arabes unis, ainsi que par le chef de la délégation libyenne Choukri Ghanem. Signe de l'absence d'enjeu de la réunion, quatre ministres (Nigeria, Koweit, Qatar et Irak) n'ont pas fait le déplacement à Quito. L'Opep, qui regroupe 12 pays et pompe 40% du pétrole mondial, était donc en passe de reconduire pour la septième fois ses quotas de production, fixés à 24,84 millions de barils par jour (mbj) depuis le 1er janvier 2009. Après avoir flambé jusqu'à dépasser 147 dollars en juillet 2008, le prix du baril s'était effondré avec la crise économique mondiale, chutant jusqu'à 32 dollars en décembre de la même année : un signal d'alerte qui avait poussé l'Opep à resserrer drastiquement les robinets pour faire remonter les cours. Les prix du brut, qui évoluaient depuis le début de l'année entre 70 et 80 dollars, ont accéléré leur progression depuis octobre, jusqu'à s'envoler au-delà des 90 dollars à New-York pour la première fois depuis plus de deux ans. Mais cette récente envolée ne devrait pas changer la donne: plusieurs membres de l'Opep, emmenés par l'Arabie saoudite, se sont efforcés vendredi de la relativiser. Aussi, le secrétaire du comité de direction de la Compagnie libyenne de pétrole (NOC), Dr Choukri Ghanem, a prédit jeudi une augmentation du prix du baril de pétrole brut qui atteindra prochainement le plafond de 100 dollars sur le marché mondial.