Le vol AH50 Air Algérie du 24 janvier, reliant Bamako à Alger, restera longtemps dans la mémoire. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le commandant de bord a décidé, ce jour-là, de prendre cinq passagers en plus des capacités du vol, lors de l'escale à Niamey (Niger). Munis de leur carte d'embarquement, ces derniers constatent avec surprise qu'il n'y a pas assez de sièges. Parmi les cinq voyageurs « en trop », l'un, (Algérien) ayant manifesté son mécontentement, se fait expulser de l'avion sans autre forme de procès, juste avant le décollage, sous prétexte d'« être sur une liste d'attente »,nous rapporte notre témoin. Le sort de ses compagnons de fortune, restés à bord, n'est pourtant pas vraiment enviable : deux se sont retrouvés dans le cockpit. « Je fais appel à un steward, car cette situation est inadmissible et demande à parler au commandant de bord », s'insurge Hakim, voyageur de retour du Forum social de Bamako. Notons que c'est une chance que les voyageurs dans le cockpit n'aient pas eu de velléités de détournement lors de l'absence du commandant de bord, sorti discuter avec notre passager mécontent. Quant aux deux autres, ils sont expédiés... dans les toilettes ! La majeure partie du vol, d'une durée de 5 heures, a donc été pour nos deux passagers, l'un Français d'origine malienne et l'autre Asiatique, une partie des chaises musicales au gré des envies des autres passagers, qui après s'être fait servir les habituels « snacks », ont eu envie, et c'est bien normal, d'utiliser ce lieu prévu à leur effet initial. « On leur a demandé de s'enfermer en plein vol. Avec la bénédiction du commandant de bord, M. Barachin », tient à souligner notre interlocuteur. L'équipage, visiblement sans autre possibilité que de subir les circonstances, fait donc face à une situation qui est tout au déshonneur de la compagnie. « Il s'agit de dignité humaine ! », ajoute notre interlocuteur, indigné. Par ailleurs, l'avion, réputé comme étant le moyen de transport « le plus sûr », n'a pas semblé, ce jour-là, répondre à ce critère. « Je me suis renseigné auprès de l'équipe, et en cas de dépressurisation de l'appareil, le voyageur n'a que quinze secondes pour se précipiter sur un masque à oxygène », là encore, il est une chance qu'un tel événement ne soit pas arrivé pour nos compatriotes maliens et sud-coréen. Anecdotique, cette situation rocambolesque n'en n'est pas moins inquiétante sur des pratiques qui sont au détriment du respect et de la sécurité des voyageurs.