Sur place, les villageois font part de leur inquiétude et évoquent un site hautement fragilisé. La population de Tidelsine, un village situé sur les hauteurs d'Aokas, s'oppose farouchement au passage d'un gazoduc sur leurs terres, à proximité des habitations. Cela dure, selon les résidents du village, depuis des années. La position est demeurée inchangée au gré des changements du tracé, dus à l'interminable contestation. Quatre tracés se sont déjà heurtés au même refus, selon les habitants, et le dernier ne fait pas exception. Il s'agit du passage d'une conduite de transport de gaz (8 pouces), prévu en aval des lieux bâtis. Tel quel, le gazoduc débouche sur une habitation dont les occupants s'inquiètent déjà de la démolition programmée. Sur place, les villageois font part de leur inquiétude et évoquent un site hautement fragilisé: glissement de terrain monstre sur la partie haute du site, située en amont des habitations et datant des années 1980, grandes failles du terrain, ensevelissement des vieilles constructions et fissurations. Ils parlent également d'autres dégradations du nouveau bâti, des eaux ruisselant partout, (une conduite d'eau régulièrement emportée par les glissements de terrain), l'unique site où n'ont pas été réalisées les banquettes de l'ancienne Direction du Reboisement des Sols. En somme, un terrain glissant et mouvant, une sorte de monticule géant présentant toutes les qualités d'un remblaiement que des forces telluriques et des masses d'eau emportent vers la rivière Tabelout, située en bas. C'est ce que les villageois ont expliqué à la commission qui s'est déplacée sur les lieux le 16 octobre dernier et composée du Chef de daïra, du P/APC, du DMI, des représentants de la Sonelgaz, de la Protection civile et du concepteur du tracé (TURBOLAB). Dans le PV de réunion du comité de village éponyme, les rédacteurs font état d'éboulements, de glissements de terrains, de sols et habitations fissurés, de piste goudronnée affaissée, de ruptures récurrentes de la conduite AEP, et de poteaux électriques et arbres penchés.Ils signalent le cas de la famille nombreuse devant quitter la maison à démolir située sur la voie du tracé actuel et l'empêchement pour d'autres de projeter des constructions à usage d'habitation sur la bande d'au moins 150 mètres longeant la conduite de 8 pouces. Dans le même document, les rédacteurs observent que la distance de sécurité de 75 mètres n'est pas évidente pour certaines constructions déjà existantes et que le rapport de l'étude du sol établie par le LTP-Est permet de relever d'autres remarques. Il s'agit des risques liés aux travaux de réalisation de ce tronçon du gazoduc et aux mesures de sécurité qui en découlent (le manque de fiabilité de l'étude en question). La carte de zonage sismique sur laquelle s'appuie l'étude varie au gré des tremblements de terre observés et l'étude hydrographique ne tient pas compte des pluies torrentielles ou décennales qui peuvent s'infiltrer du fait des larges fissures déjà constatées. Les mêmes doléances ont été cycliquement réitérées aux autorités depuis bientôt quatre ans. Les habitants demandent la déviation du tracé actuel de telle sorte que le gazoduc longe le cours de l'oued Tabelout sur une distance de 900 mètres jusqu'au point de raccordement avec la ligne de Souk El Tenine.