Cent cinquante enfants souffrant d'insuffisance rénale sont en attente d'une greffe de rein. Leur état de santé risque de s'aggraver avec l'apparition de nombreuses complications. «Ces enfants qui sont en dialyse doivent absolument être pris en charge», a lancé le Pr Rayane, de la Société algérienne de néphrologie en marge de son XIXe congrès qui se tient depuis hier à Alger. Des demandes de transfert pour soins à l'étranger pour certains d'entre eux dont les cas sont plus compliqués ont été rejetées, a-t-il déploré. «Ces enfants nécessitent des greffes de foie et de rein. On ne peut pas les laisser souffrir sans prise en charge. Nous demandons à ce qu'ils soient transférés à l'étranger, ou bien que des équipes de spécialistes étrangers se déplacent en Algérie pour les opérer. On ne peut pas les laisser dans cet état», a-t-il déclaré, en précisant que «certains malades ont des donneurs, ce qui constitue généralement un handicap», a-t-il ajouté. Pour le Pr Rayane, des enfants ont été greffés grâce à la collaboration à titre gracieux du Pr J.P. Squifflet, du CHU Liège, qui vient de Belgique pour les opérer. «Dans le cadre d'une collaboration avec les équipes algériennes de néphrologues et de chirurgiens, nous avons pu réaliser une trentaine de transplantations, dont un tiers sont des enfants qui nécessitent une prise en charge particulière. Ce qui nous a permis de nous échanger les techniques», a souligné le Pr Squifflet. Et de préciser qu'à travers ces interventions, nous assurons une formation aux jeunes équipes algériennes dans les hôpitaux tels que Beni Messous et Blida. Le Pr Rayane a tenu à préciser que cela se fait à titre bénévole. Le Pr Squifflet et son équipe sont pris en charge par la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation. Interrogé sur la situation actuelle des malades en néphrologie, le Pr Rayane précise qu'en 2011, plus de 14 500 patients sont traités par hémodialyse en centre, dont plus de 6000 dans le secteur libéral, près de 400 bénéficient de la dialyse péritonéale et plus de 1000 vivent avec un greffon fonctionnel (dont plus de 900 ont été transplantés en Algérie). «Beaucoup de travail reste cependant à faire. Il faut dès maintenant réfléchir à la mise en place d'un registre national de la maladie rénale chronique, ce qui nous permettra de mesurer en termes de prévalence et d'incidence l'impact de cette maladie dans notre pays et de connaître les principales étiologies afin d'apprécier les besoins futurs. Notre pays accuse un déficit flagrant en transplantation rénale», a-t-il souligné. Il signale que depuis 1986, moins de 1000 greffes ont été réalisées, et la liste d'attente, qui était de 3000 patients en l'an 2000, a plus que doublé en 10 ans (7000 actuellement). Le constat est amer : il existe une inadéquation flagrante entre l'offre et la demande, malgré des dispositions légales et religieuses très incitatives. «L'accès à la greffe constitue le dernier défi que les néphrologues algériens ont décidé de relever», a-t-il déclaré et d'annoncer l'ouverture de l'institut du rein au mois de mars prochain.