10 000 personnes sont touchées actuellement dans notre pays par l'insuffisance rénale chronique (IRC) au stade terminal. La plupart de ces malades sont contraints d'aller à l'étranger afin de tenter de régler définitivement leur problème de santé. Et comme la vente d'organes est strictement interdite dans les pays d'Europe et d'Amérique du Nord, les Algériens se rendent dans les pays pauvres comme le Pakistan, la Chine ou encore l'Egypte, où le «trafic d'organes» ou «le tourisme de transplantation» se font de plus en plus. Ceux qui n'ont pas les moyens de s'offrir ce luxe risquent de patienter des années avant de trouver un donneur ou de succomber à la maladie. Dans une conférence organisée jeudi par la Société algérienne de néphrologie, au centre hospitalo-universitaire Issad Hassani de Beni Messous, le Dr Tahar Rayane a affirmé que les transplantations, en Algérie, ont été effectuées à partir d'un donneur vivant. Il s'agit souvent d'un parent ou d'un proche. Le prélèvement sur cadavre (état de mort cérébrale) n'est pas encore pratiqué chez nous. Cette pratique nécessite, selon la même source, «une grande campagne d'information et de sensibilisation auprès de la population, afin de trouver des donneurs et pouvoir répondre à la demande des 6000 patients qui attendent une greffe». Selon le dernier bilan, le registre de donneurs au niveau national ne compte que 500 personnes consentantes pour un prélèvement d'organe. Le recours aux organes de personnes mortes serait une solution idoine pour faire face au nombre importants de malades souffrant d'insuffisance rénale. Les spécialistes rencontrés affichent un certain optimisme pour l'avenir de la transplantation rénale en Algérie et avouent entretenir «de grands espoirs sur le démarrage de l'Institut national du rein, implanté à Blida qui sera bientôt opérationnel». Coopération médicale entre l'Algérie et la Belgique Invité par la Société algérienne de néphrologie, le professeur belge Jean-Paul Squifflet a effectué bénévolement, jeudi dernier, avec l'aide d'une équipe de chirurgiens algériens, cinq transplantations rénales au CHU de Beni Messous sur des malades âgés entre 5 et 23 ans. La plupart sont des enfants souffrant d'une malformation congénitale compliquée avec des problèmes de reflux rénal. Ces transplantations entrent dans le cadre de la coopération médicale entre l'Algérie et la Belgique et le développement du programme national de transplantation rénale. Ces enfants, venus de différentes régions du pays, ont reçu des reins de donneurs vivants. Grâce à cette coopération, la greffe de reins a connu durant ces deux dernières années un véritable essor. Toutefois, les spécialistes estiment que les résultats obtenus restent en deçà des objectifs tracés. C'est-à-dire «arriver à faire plus de 1200 greffes par an» comme l'a précisé le Dr Rayane, ajoutant que «cet objectif ne peut être atteint qu'avec le prélèvement sur cadavre. 305 greffes de reins ont été effectuées entre 2007 et 2009 seulement. Selon le Pr Mohamed Benabadji, chef de service néphrologie au CHU Beni Messous, 12 couples (donneur-receveur) sont programmés pour être greffés par le professeur belge durant les jours à venir, ajoutant qu'une centaine d'autres couples sont déjà explorés en attendant leur greffe. Le Dr Rayane a tenu à préciser encore une fois que «la greffe demeure l'unique solution aux problèmes des malades dialysés, actuellement au nombre de 10 000 au niveau national». M. Squifflet effectue des visites régulières en Algérie pour effectuer des transplantations rénales compliquées à l'invitation de la société algérienne de néphrologie et transplantation d'organes. De renommée mondiale, le Pr Squifflet, chirurgien transplanteur, a à son actif plus de 2000 greffes en Belgique et dans d'autres pays à travers le monde.