Il aura fallu attendre la dernière projection du Festival du film européen, à Ibn Zeydoun, pour que les cinéphiles de la capitale se décident à sortir de leur torpeur. Peu de films ont eu cet effet, si ce n'est La femme de Gilles, de Frédéric Fonteyne. Vendredi soir, la salle s'est avérée trop petite pour accueillir toute cette foule qui se pressait sur les sièges. Un peu comme pour convaincre la délégation de la Commission européenne en Algérie de leur bonne foi et de faire de cet événement un rendez-vous annuel. Quoi qu'il en soit, les organisateurs, contents de ce retentissement, ont clôturé le festival avec Le Réveil, court métrage de Marc-Henri Wajnberg et Joyeux Noël, de Christian Carion. Pour ce dernier, le choix fortuit ou délibéré était judicieux. Et pour cause, le film franco-anglo-allemand-belgico-roumain est déjà un symbole au niveau de la production. Idem pour le thème qu'il traite : un cessez-le-feu improbable et une fraternisation entre un régiment français et un autre allemand survenu au cours de la Première Guerre mondiale. Une histoire vraie, chargée d'émotions et bien portée à l'écran. Après Land of Plenty de Wim Wenders, La vie est un miracle d'Emir Kusturica et Strings d'Anders Ronnow Klarlund, Joyeux Noël est le cinquième film à avoir la guerre pour toile de fond dans ce festival. C'est que les cinéastes du XXIe siècle sont de plus en plus nombreux à faire un zoom sur la guerre. Avec un regard neuf et nettement moins moralisateur en général. Beaucoup plus soigné aussi. Le premier festival du film européen à Alger nous a donc apporté dans ses bagages un peu de ce regard. Il nous a également permis de prendre un bon bol d'air frais avec des films très récents et garnis de prix et de sélections des plus prestigieux festivals. Si nous avons la chance de voir en DVD les derniers films sortis dans le monde, en revanche, le choix ne nous appartient pas, et il est généralement basé sur des critères commerciaux. Reste à espérer que cet événement devienne une tradition et qu'il draine sur son passage beaucoup d'autres festivals de cinéma... Et que le public soit plus nombreux, plus varié et plus assidu.