Le Président vient de faire une cinglante mise au point à ceux qui le sollicitaient pour faire une deuxième lecture des textes adoptés par le Parlement. Le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) se sont-ils réellement fait la guerre autour des projets de loi présentés dernièrement à l'Assemblée populaire nationale (APN), où ils ont juste créé l'ambiance d'un débat et d'un semblant de démocratie dans un hémicycle qui n'en a cure ? Trop de bruits a entouré les «réformes de Bouteflika», et l'opinion publique a failli avaler la pilule en observant les tiraillements entre ces deux formations qui ont fini par adopter tous les textes, sans modification fondamentale, faut-il le signaler. Des voix se sont soudainement élevées pour accuser les députés, notamment ceux du FLN, de vouloir détourner «les réformes du Président». Ils en ont alors demandé une deuxième lecture. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, qui a opté pour l'abstention lors du vote des projets de loi sur l'information et les associations et rejeté le nouveau texte sur les partis politiques, a appuyé la revendication en y ajoutant son grain de sel. La démarche avait besoin d'un peu de crédit. Elle n'hésitera pas à le lui apporter en déclarant sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne III, la promesse d'une possible deuxième lecture qui lui a été faite par le chef de l'Etat, le 1er novembre dernier, lors de la cérémonie de célébration de l'anniversaire du déclenchement de la Révolution. TARTUFERIE Des sénateurs du tiers présidentiel s'étaient déjà mis de la partie pour contribuer à un débat qui n'en est pas un en réalité. Preuve en est que le président Abdelaziz Bouteflika vient de faire une cinglante mise au point à ceux qui le sollicitaient pour faire une deuxième lecture des textes adoptés par le Parlement. Il l'a fait d'abord lors de l'ouverture, la semaine dernière à Laghouat, de l'année universitaire, puis avant-hier en Conseil des ministres. Il a affirmé, donc, à deux reprises, que les réformes sont bel et bien siennes et il les assume. En prenant leur défense et en opposant une fin de non-recevoir à l'idée d'un recours à une deuxième lecture, Abdelaziz Bouteflika met à nu la démarche de certains partis politiques qui auraient pu faire l'économie de la théâtrale agitation qu'a connue pendant plusieurs jours l'APN. Encore une fois, la sortie du chef de l'Etat révèle le vrai visage de certains partis qui ont relégué la pratique politique à une simple compétition d'allégeance. Dans ce jeu de tartufes, moins on respectait les principes et les lignes éditoriales et moins on tenait compte des vraies préoccupations des Algériens, plus on s'assurait une place au soleil dans un échiquier politique totalement perverti. Cela fonctionne ainsi depuis plusieurs années, puisque ce n'est pas l'urne qui détermine la place de chacun dans le paysage politique. En sera-t-il autrement lors des prochaines élections législatives ? Le Président, qui a affirmé avant-hier le maintien du calendrier électoral et de la révision constitutionnelle, promet une surveillance internationale «significative». Rien n'est moins sûr, en effet au vu des précédentes expériences en matière de veille contre la fraude électorale. La présence d'observateurs internationaux n'a jamais été une garantie de prévention contre un phénomène qui a pris de l'ampleur dans notre pays. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) met d'ores et déjà en garde contre la politique des quotas. Et, étrangement, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, met les pieds dans le plat en donnant, lors d'une conférence de presse qu'il a animée à l'issue de la réunion de la session ordinaire du comité central, celui qui revient aux islamistes. Selon lui, ils auront 35 à 40% des sièges lors des prochaines législatives.