Les sélectionneurs des cinq mondialistes présents à la CAN 2006 ne sont pas sûrs de survivre au tournoi continental et surtout de faire le voyage en Allemagne l'été prochain. Louis Oliveira Goncales et Stephan Keshi, respectivement coach de l'Angola et du Togo, ont un pied dehors. Les Eperviers du Togo ne franchiront pas le premier tour après la défaite (0-1) face au Cameroun, mercredi. Les Palancas Negras ne sont pas mieux lotis. Avec un point en deux matches, ils n'ont pas leur destin entre leurs mains. Goncales et Keshi feront les frais de la contre-performance des mondialistes angolais et togolais. Le retour au pays sera agité. Surtout pour le Nigérian Stephan Keshi qui a ouvert un front avec la « vedette » de la sélection locale, Adebayor. Ce dernier a adopté une conduite qui a fortement déplu au groupe et à l'entraîneur. Il a séché la préparation et les matches amicaux programmés avant le début de la CAN 2006. Nul doute qu'au retour au pays, il y aura un déballage public, la presse s'en mêlera et, probablement, Stephen Keshi sera sacrifié sur l'autel de l'intérêt national. Le président de la Fédération togolaise, qui est le frère du président de la République togolaise, a calmé le jeu en Egypte, mais ne peut laisser encore couver le feu à cinq mois de la Coupe du monde. Le patron technique des Palancas Negras (Angola), Louis Oliveira Gocales, commence, lui aussi, à sentir le roussi. Les sorties mitigées face au Cameroun (1-3) et la RD Congo (0-0) ne plaident pas en faveur de son maintien. La Coupe du monde, qui pointe à l'horizon, est une compétition plus relevée que la Coupe d'Afrique. L'Angola n'a pas le potentiel pour briller sur les pelouses allemandes. Montoras et Akwa ne peuvent changer le visage et le niveau de la sélection face à des adversaires d'un calibre au-dessus de la moyenne. Des trois autres sélectionneurs en piste, les Français Roger Lemerre (Tunisie), Henri Michel (Côte d'Ivoire) et le Serbe Ratomir Dujkovic (Ghana), seul le premier est assuré de garder son poste quelle que soit la performance de la Tunisie à la CAN 2006. L'ancien sélectionneur de l'équipe de France fait l'unanimité et impose le respect à ses interlocuteurs (dirigeants-journalistes). Sauf catastrophe, il dirigera les Aigles de Carthage en Allemagne, quelle que soit l'issue de la CAN 2006. Son compatriote, Henri Michel, a moins de certitudes sur son avenir immédiat, malgré la qualification des Eléphants aux quarts de finale de la CAN 2006. Son limogeage serait d'actualité du côté d'Abidjan. Henri Michel a vécu des moments difficiles après la défaite (2-3) at-home face au Cameroun en éliminatoires du Mondial 2006. La contre-performance (1-1) du Cameroun contre l'Egypte à Yaoundé a sauvé Henri Michel. Il n'a pas été épargné par les critiques. Après la miraculeuse qualification à la Coupe du monde, il n'a pas effectué le voyage retour avec ses joueurs. Alors que ces derniers, transportés par avion présidentiel, célébraient en liesse dans les rues d'Abidjan l'historique qualification à la Coupe du monde, Henri Michel rejoignait calmement Beyrouth, son port d'attache. Les succès face au Maroc et à la Libye, et la qualification au second tour ont donné un peu de répit à l'entraîneur français. Seule une victoire en finale de la CAN sauverait celui qui a dirigé trois sélections en Coupe du monde (France-Cameroun-Maroc). Le Serbe Ratomir Dujkovic, lui aussi, est sur un siège éjectable. Le Ghana est un spécialiste en matière d'instabilité du staff technique. Ces cinq hommes étaient conscients de la fragilité de leur situation avant qu'ils ne posent pied au pays des Pharaons. Quelques-uns y laisseront leurs illusions. La Coupe du monde 2006, ils ne la vivront pas sur le banc.