Baba Hassan est une petite localité issue du découpage administratif de 1984. Considérée initialement comme une commune agricole, elle s'étend sur une superficie de 916 ha. Plus de 23 000 âmes y habitent. Que devient Baba Hassan en 2004 ? A cette question, Yahia Guessa, président de l'APC, nous confie que cette localité a perdu sa vocation agricole et est devenue « une résidence ». Elle abrite deux catégories de population qui cohabitent sans pour autant se mêler les unes aux autres. Sur le côté ouest, des Very important person (VIP) habitent dans de somptueuses villas entourées de grandes murailles et équipées de caméras de surveillance et autres moyens de sécurité. Les parfums de fleurs et de jasmin, présents sur les balcons et les devantures des clôtures, vous enivrent à chaque passage. Un réel antistress quand ne sont pas senties les odeurs nauséabondes des ordures ménagères. En sillonnant les petites ruelles, des questions hantent l'esprit : les habitants sont-ils propres ? Sommes-nous sur un plateau de cinéma ? Ou simplement, les autorités locales prennent-elles soin de l'environnement et veillent sur la qualité de l'air respiré dans ce quartier huppé ? Autre image, à l'est de la localité : un « patchwork » de villas en cours de construction, de hameaux et d'une verticale cité-bidonville, appelée la cité 200 Logements. De couleur pâle, cette cité, qui rappelle les dortoirs du XIXe siècle, abrite les anciens occupants des bidonvilles de Dar El Beïda entassés dans des F1 et quelques sinistrés de Réghaïa et de Hussein Dey recasés dans le cadre du relogement après le séisme du 21 mai 2003. A l'exception d'un petit stade de handball, utilisé comme terrain de foot, 2 épiceries, 2 boulangeries et un lavage graissage, il n'y a aucune autre commodité. Pour rejoindre le centre-ville, afin de faire son shopping les mères de familles se déplacent par bus. Le rêve est toujours permis pour voir un téléphone fixe installé chez soi ou un taxiphone pour une urgence ou pour demander des nouvelles de ses proches. Quand à l'environnement, « haddith wala haraje » ! Le niveau de dégradation atteint son paroxysme : des milliers de sachets noires jonchent les trottoirs et les pourtours des bâtiments et les décharges grandissent de plus en plus car elles ne sont jamais totalement vidées. Chaque matin, les odeurs des détritus brûlés étouffent les habitants. Les éboueurs choisissent les sacs à ordures qu'ils doivent ramasser, le reste est laissé sur place ou brûlé. Sur quel critère le tri est-il fait ? Les habitants de la cité 200 Logements affrontent les effets du mal vivre et la montée vertigineuse de la délinquance juvénile (drogues, vols, casses, consommation d'alcool, etc.). S'ajoute à cela, le manque d'éclairage. Cela a encouragé les voleurs à commettre leurs forfaits. La Gendarmerie nationale a procédé à plusieurs arrestations de malfaiteurs pour vol, tentative de vol et destruction des biens d'autrui. En outre, la construction, non achevée et abandonnée à proximité du bâtiment A4, dégoûte les regards, et il suffit d'un coup d'œil à l'intérieur de cette ruine pour se rendre compte de la gravité de la situation. Des enfants, à peine âgés de 15 ans, s'adonnent à la drogue, au zombreto et à d'autres pratiques douteuses. Les habitants sont souvent victimes de jets de pierres et d'agressions verbales de la part de ces adolescents sans que personne ne puisse agir. Même les éléments de la garde communale, qui se trouvent à proximité de la cité, ne peuvent intervenir par crainte de représailles. Les sinistrés de Réghaïa et de Hussein Dey attendent l'arrivée du gaz de ville dont le réseau existe. Il suffit pourtant de le connecter. Le pourtour des bâtisses n'est pas goudronné. Pendant l'hiver, les habitants pataugent dans la boue. Le P/APC dit que la cité 200 Logements est sous l'autorité de l'administration d'Alger-Centre (la gestion de l'infrastructure). La gestion de l'environnement, le ramassage des ordures ménagères, l'éclairage public et la plantation des arbres relèvent des attributions de l'APC de Baba Hassan. Conscient de la situation de la cité 200 Logements, M. Guessas impute ces problèmes au manque de civisme. Il faut dire que des habitants balancent les sacs poubelles n'importe où sur la chaussée. Il déplore également le manque de moyens mis à la disposition de l'APC. Le P/APC annonce que la cité 200 Logements connaîtra, dans les prochain mois, une expansion qui va renforcer le développement local. Des projets sont en cours de réalisation : une nouvelle gare routière, une piscine et un CEM.