M. Benchaâbane est l'un de ces investisseurs qui ont cru aux nombreux discours des officiels sur la volonté de développer le tourisme en Algérie. Emerveillé par un complexe touristique au Maroc, plus exactement à Agadir, où il était en vacances en 1985, il nourrit l'espoir d'en faire de même en Algérie se disant que le pays mérite bien ça. Il est encouragé par un placard publicitaire publié sur le journal El Moudjahid dans lequel la wilaya de Aïn Témouchent lance un appel à manifestation d'intérêt pour le développement du secteur du tourisme dans cette région. Il se présente dans cette wilaya et expose son projet de complexe touristique. Cette infrastructure baptisée M'hiddine du nom de son défunt fils comprend 32 appartements, 3 restaurants, une pizzeria, une piscine avec cafétéria et une supérette. Elle est implantée à Terga Plage. C'est là que commencent les déboires de cet entrepreneur en bâtiment originaire de Naâma. Il n'obtiendra le permis de construire que quatorze longues années après en avoir fait la demande. «Ça a été un véritable parcours du combattant», souligne-t-il. L'investisseur pensait pouvoir enfin voir son rêve se réaliser, mais c'est la grande désillusion avec les évènements de la décennie noire. Les chances de faisabilité et de rentabilité de ce genre d'investissements sont hypothéquées par les incertitudes et l'instabilité qui régnaient à ce moment-là. Mais cela compter sans la témérité de M.Benchaâbane qui décide d'aller jusqu'au bout de son projet. Il sollicite pour ce faire les banques pour l'aider à financer la réalisation dudit complexe. Seule la Banque de l'agriculture et du développement rural (BADR) acceptera de l'accompagner durant la première phase de la réalisation du projet. Cependant, la décision des pouvoirs publics d'orienter les activités de cette institution financière exclusivement vers le secteur de l'agriculture lui sera fatale. «Je me suis retrouvé abandonné à mi-chemin», déplore cet investisseur. Il réussira tant bien que mal à achever le projet en 2005 en puisant dans ses propres fonds. Après donc des années de galère, le complexe sera mis en exploitation non sans les difficulté qui pousseront l'homme d'affaires à ne pas respecter l'échéancier de remboursement de la dette bancaire afin de pouvoir faire face aux charges liées à son investissement. La BADR, loin de l'enfoncer, donne son feu vert pour restructurer les créances qu'elle détient sur cet investisseur. Aujourd'hui, il espère bénéficier des mesures décidées lors de la dernière tripartite en faveur des entreprises endettées. «La dernière tripartite a pris certaines mesures pour venir en aide aux entreprises en difficulté de paiement de leurs crédits. Je ne peux qu'applaudir si on avait pris en compte les entreprises qui ont essayé de s'accrocher à leur banque en restructurant leurs dettes et les faire bénéficier des mêmes avantages que ceux accordés aux autres entreprises», a-t-il souligné. Il regrette que l'administration ne joue pas son rôle en accompagnant les initiatives. «L'administration et nous ne parlons pas le même langage. Nous, nous voulons aller vite et bien, alors que l'administration préfère travailler doucement le matin et pas trop vite le soir», résume-t-il plein de désarroi. La bureaucratie est de nature à décourager le persévérant des investisseurs, a-t-il signifié. «L'industrie du tourisme peut être lancée. D'autres pays pétroliers l'ont fait et ils commercialisent aussi bien le pétrole que des offres touristiques. Ils ont compris que le tourisme ne tarit pas. Notre côte méditerranéenne sur une longueur de 1200 km est encore vierge et la ressource de demain», note cet homme d'affaires qui envisage malgré ses déboires de réaliser un nouvel hôtel de 70 chambres et 12 suites offrant des cures de thalassothérapie. Il compte même réaliser un village écologique. La loi 03-03 est, selon lui, un autre écueil pour les investissements dans le secteur du tourisme. «Les zones d'expansion touristique ne sont pas pourvues de plans d'aménagement touristique», déplore-t-il.