Au moment où l'Algérie s'indigne, une fois de plus ,de la fuite de ses cerveaux, les enseignants du centre universitaire d'El Tarf dénoncent la discrimination dont ils sont l'objet. Contrairement à leurs collègues de centres universitaires proches de quelques dizaines de kilomètres comme ceux de Souk-Ahras et de Guelma, ils ne touchent pas la prime de zone qui correspond à 80% du salaire. El Tarf, c'est connu, est plus enclavée, plus déshéritée, plus rurale que ses voisines immédiates et quasiment sans attraction socioculturelle. « Il faut faire preuve de stoïcisme et d'endurance pour faire des allers-retours quotidiens ou accepter de vivre dans ce trou », ajoutent les enseignants qui parlent d'iniquité et d'injustice de ce classement des universités et centres universitaires. Il n'y a pas non plus de logements pour les enseignants qui viennent en majorité de Annaba bien qu'ils soient originaires de toutes les régions de l'est du pays. Ce statut de second collège n'est pas pour favoriser la promotion du centre universitaire et la qualité de sa formation. Il y a d'ores et déjà des difficultés pour recruter des enseignants compétents et expérimentés. Pire, il y a déjà une fuite de cerveaux à El Tarf. A l'exception de quelques irréductibles, les plus qualifiés se sont toujours considérés comme de passage. Ils s'en vont dès que l'occasion se présente. Généralement au bout de quelques mois, tout au plus quelques années. Pour la même distance de Annaba, ils préfèrent aller à Souk-Ahras ou Guelma qui sont avant tout de grands centres urbains. Le centre universitaire se transforme progressivement en université à part entière. Les chantiers du nouveau campus avancent à un rythme que ne contrarie paradoxalement que l'absence d'une main-d'œuvre locale qualifiée. Il y a déjà là une leçon à tirer de cette situation. Mais pour cela il faut aussi des cerveaux.