182 ans, presque deux siècles que le canon fabriqué au XVIe siècle est de l'autre côté de la mer Méditerranée, à Brest plus exactement. Depuis l'indépendance, Baba Merzoug n'a toujours pas revu sa terre natale et suscite de plus en plus d'intérêt. Retour sur un canon qui a fait les beaux jours de la Régence d'Alger. -Que représente, pour vous, Baba Merzoug ? Baba Merzoug est un symbole de l'identité algérienne, un symbole fort même. Tous les peuples ont besoin d'un symbole viril, et c'est le cas du peuple algérien. L'Algérie est une belle femme qui a besoin d'un homme. Pendant des siècles, Baba Merzoug et ses frères ont bien défendu Alger. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un père bienfaiteur, protecteur et porte-bonheur. Lors des différentes invasions auxquelles Alger a dû faire face, Baba Merzoug était là. Mais le 14 juin 1830, Alger, cette «belle femme», a été «prise par surprise», lors du débarquement à Sidi Fredj. -Existe-t-il des négociations entre le gouvernement algérien et le gouvernement français quant au cas de Baba Merzoug ? Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a rien. La lettre de Baba Merzoug à ses enfants a été envoyée au président de la République, au Premier ministre, à la ministre de la Culture. Elle a même été envoyée en France, au président Sarkozy, à François Fillon, Premier ministre, à Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, à Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, au président du Sénat, au président de l'Assemblée nationale française, à Jean-Pierre Chevènement, à tous les députés et sénateurs de la Bretagne (région de l'ouest de la France, où est située Brest, ndlr), ainsi qu'à l'ambassadeur de France à Alger. -L'idée d'un retour de Baba Merzoug en Algérie se fait de plus en plus pressante. Envisagez-vous, malgré tout, une représentation de la France lors d'une éventuelle cérémonie marquant ce retour ? Bien sûr, et cette présence serait un signal fort pour l'amitié algéro-française. Les officiels français sont les bienvenus chez nous. Je me rappelle un peu le cas de la diplomatie «ping-pong», qui a fini par rapprocher les Etats-Unis et la Chine. Dans le cas précis de Baba Merzoug, la société civile doit jouer le rôle de starter, pour pousser les gouvernements à aller de l'avant. Les Français ne doivent pas rater cette occasion. Nous souhaitons un retour de Baba Merzoug le plus tôt possible, pourquoi pas au printemps, de telle manière à ce qu'il soit présent pour le 5 juillet 2012. -Baba Merzoug devrait, selon vous, être installé à Makam Chahid. Pourquoi ne pas le réinstaller dans son lieu originel, tout en opérant à un réaménagement ? Comme vous le savez, l'accès au port proprement dit est interdit aux personnes et, à mon avis, il serait, bien que, je ne le conteste pas, sa place revienne au môle Kheireddine Barberousse, complètement ridicule de l'emprisonner une nouvelle fois. Pour ce qui est de Makam Chahid, sa situation est plutôt intéressante puisque le monument domine la baie d'Alger et est très visité. Ainsi, tout le monde pourra admirer Baba Merzoug, qui aura, par la même occasion, repris sa position originelle à l'horizontale.