ArcelorMittal Annaba est dans la zone rouge. Les dirigeants de l'entreprise ont pris rendez-vous dimanche 8 janvier 2012 au tribunal d'El Hadjar pour étudier les procédures de dépôt de bilan. Selon des sources informées, ArcelorMittal fait face à une situation similaire à une cessation de paiement. Les dirigeants de l'entreprise négocient depuis plusieurs semaines l'obtention d'un prêt auprès de la Banque extérieure d'Algérie (BEA) pour appuyer son plan d'investissement estimé à 270 millions de dollars. Les discussions, d'après les mêmes sources, ont bien avancé. Cependant, un point de la réglementation relative à la garantie de crédit a tout bloqué. Il a été demandé à ArcelorMittal l'hypothèque du terrain sur lequel est bâti le complexe d'El Hadjar. Or, ArcelorMittal ne possède pas ce terrain qui est propriété de l'Etat. La loi algérienne interdit aux entreprises étrangères d'accéder à la possession des terrains. Donc, il est impossible au groupe sidérurgique de régler ce problème malgré des assurances du ministère de l'Industrie. Sans le document sur l'hypothèque du terrain, ArcelorMittal ne pourra pas avoir de crédit. Les responsables de l'entreprise ont présenté toutes les garanties nécessaires pour assurer la banque du remboursement du crédit. Cela n'a pas levé l'obstacle réglementaire. La situation ne pourrait être débloquée, d'après les mêmes sources, que par le Premier ministre qui a la prérogative d'alléger la procédure. S'il est maintenu à son poste, Ahmed Ouyahia usera-t-il de son autorité pour éviter la faillite du complexe d'El Hadjar ? L'Algérie a-t-elle intérêt à faire fuir un autre gros investisseur étranger ? Le wali de Annaba aurait été informé de la situation délicate du complexe. ArcelorMittal emploie 7000 salariés au complexe d'El Hadjar et aux mines de Boukhadra et d'El Ouenza. Des travailleurs qui risquent de se retrouver au chômage en cas de dépôt de bilan. Dernièrement, une curieuse décision a exclu la tuberie sans soudure Ampta (ex-TSS), une unité de fabrication de pipelines affiliée à ArcelorMittal, de la liste des fournisseurs de Sonatrach (voir El Watan du 29 décembre 2011). Cela a amené le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, à saisir le ministère de l'Energie. «Nous vous sollicitons à l'effet d'user de votre autorité afin d'amener les entreprises utilisatrices des produits Ampta à faire application des mesures arrêtées par le gouvernement à travers la circulaire n°062/inst/SP/PM du 22 décembre 2008 ayant pour objet la réduction des importations et la promotion de la production d'origine algérienne», a écrit le premier responsable de la centrale syndicale à Youcef Yousfi. Le syndicat du complexe d'El Hadjar a, pour sa part, protesté contre cette nouvelle mesure contraire à tout ce qui est proclamé officiellement sur «l'encouragement» de la production nationale. «L'unique compagnie nationale pétrolière préfère s'approvisionner auprès des traders étrangers occultant les produits de l'unique fabriquant de pipelines au Maghreb Ampta (ex-TTS)», a déclaré Smaïl Kouadria, secrétaire général du syndicat d'El Hadjar. Les traders (intermédiaires) concernés sont, d'après les syndicalistes, China Petroleum, Intermak Inc (Pays-Bas), Hight Sealed & Couplet (Liban) et Gleen Steel (USA). Ils ont engrangé 731 millions de dollars ces deux dernières années. Cela se passe de commentaire…