C'est officiel. La tuberie sans soudure Ampta (ex-TSS), une unité de fabrication de pipelines affiliée à ArcelorMittal Annaba, a été écartée du fichier des fournisseurs de la compagnie pétrolière Sonatrach, a révélé, hier, le secrétaire général du syndicat d'entreprise. Lors d'un point de presse organisé au sein d'ArcelorMittal El Hadjar, Smaïl Kouadria a lancé un pavé dans la mare de Sonatrach en divulguant : «L'unique compagnie nationale pétrolière préfère s'approvisionner auprès de traders étrangers (intermédiaires) occultant les produits de l'unique fabricant de pipelines au Maghreb, à savoir Ampta (ex-TSS). Ces traders sont Hight Sealed & Couplet (HSC, Liban), Gleen Steel (USA), Intermak Inc (Pays-Bas) et China Petroleum (Chine) qui, à eux seuls, ont engrangé 731 millions de dollars américains entre 2009 et 2010.» Détaillant les parts du marché de la Société nationale des hydrocarbures, Smaïl Kouadria souligne que le premier trader a décroché sa part évaluée à 454 millions, le deuxième à 148 millions de dollars et le troisième à 128 millions de dollars. Pour étayer ses accusations, le conférencier a exhibé un tableau comparatif où les fabricants des tubes ont été disqualifiés au profit de traders qui forment la majorité des fournisseurs de Sonatrach. Il en est ainsi du cas des leaders de fabrication de tubes en acier – américain et français – respectivement Tenaris et Vallourec ainsi que l'unique fabricant des tubes au Maghreb, ArcelorMittal Pipes & tubes Algérie (Ampta). «Où est la protection de la production nationale ? Où est la préférence nationale dans pareil cas ?», s'interroge le syndicat. A ces questions, un cadre de Sonatrach a bien voulu répondre mais sous le sceau de l'anonymat. Pour ce spécialiste des hydrocarbures, «Ampta n'est pas une entreprise nationale. Son capital est majoritairement détenu par une multinationale étrangère du groupe mondial ArcelorMittal. Outre son statut, son produit ne répond pas aux normes exigées dans le domaine des pipelines. Pour prétendre au marché de Sonatrach, Ampta doit investir dans la qualité de son produit, répondre aux normes exigées et vendre à un prix compétitif par rapport aux autres fournisseurs étrangers qu'ils soient fabricants ou traders. Si son produit est compétitif, pourquoi Ampta ne l'exporte pas ?» En effet, dans une déclaration à El Watan, le syndicat a reconnu qu'«il est reproché à Ampta un chiffre d'affaires insuffisant, ainsi que ses cash-flows (flux de trésorerie). A cela, il faut ajouter le défaut du certificat API, qui n'était pas exigé jusqu'à cette année. En réalité, les experts de Sonatrach étaient venus pour homologuer Ampta en juin 2010 et s'étaient déclarés extrêmement satisfaits des progrès et du sérieux de l'usine. Il restait une contre-visite à faire, au moment de cette dernière, ils ont déclaré qu'ils ont changé le système d'homologation». A l'arrêt depuis 16 mois par manque de plan de charge, la TSS a vu ainsi ses effectifs passés de 574 en 2010 à 320 salariés aujourd'hui, suite au manque d'activité. Situation très critique qui a dégringolé son chiffre d'affaires à moins de 90% par rapport à celui réalisé en 2008.