Le mouvement de protestation organisé mardi par le Syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA) n'est qu'un message d'alerte adressé aux dirigeants d'Air Algérie. Les résultats de la réunion d'urgence entre le PDG et les cadres syndicaux ont été positifs. L'une des plus importantes revendications est la discipline à bord des avions. Ce sont les propos du secrétaire général du SPLA, Karim Seghouane. Très en colère contre «l'indiscipline» et «l'anarchie» qui règnent à bord des avions d'Air Algérie, les pilotes de ligne avaient décidé de passer mardi à l'action. Quelques heures d'arrêt ont lourdement perturbé la programmation des vols de la matinée. «Il ne s'agit pas d'une grève, mais plutôt d'un mouvement de protestation pour alerter les pouvoirs publics sur une situation des plus inquiétantes qui perdure depuis des années», explique Karim Seghouane, vice-président du SPLA (syndicat autonome). Il précise que son organisation «ne fait pas de politique. Elle riposte à des attaques et agressions que subissent les pilotes dans le cadre de l'exercice de leur métier, et ce, depuis des années. Ils reçoivent des injonctions des commissaires, des ministres, de responsables… sans compter l'indiscipline du personnel navigant, notamment ceux qui se croient tout permis du fait qu'ils sont des enfants de privilégiés. C'est une situation d'anarchie qui s'installe dans la durée». Le syndicaliste affirme que la grève du 24 février 2011 avait ouvert la porte au dialogue. Des commissions ont été installées et une feuille de route a été mise en application. «Lorsqu'il y a eu la grève du PNC, nous avons tout arrêté dans la mesure où nous voulions éviter que la situation, qui était suffisamment inquiétante, ne dérape. Mais depuis, rien n'a changé. Bien au contraire, le climat ne fait que se dégrader. Ce qui nous a poussés à demander par écrit, il y a un mois, la protection des pilotes dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions», relève M. Seghouane. Cependant, ajoute-t-il, «aucune réponse ne nous a été donnée. Il y a une semaine, à l'issue d'une réunion, nous avons transmis une plateforme de revendications axée autour de six principaux points». Ces derniers, le syndicaliste les résume comme suit : l'élaboration d'un statut pour les pilotes, le respect par la compagnie des procédures de l'Organisation internationale de l'aviation (OACI) en matière d'organisation et de discipline, la finalisation des travaux des commissions installées le 24 février 2011, notamment en ce qui concerne le régime de travail, l'élaboration du 9e protocole (la retraite, les salaires, etc.) bloqué depuis 13 ans et enfin l'amélioration des conditions de travail des pilotes. «Ces points sont très importants pour nous. Depuis la création du SPLA en 1991, et ce, jusqu'en 1996, nous avons signé 8 protocoles avec la compagnie. Il reste le dernier qui est bloqué. Nous avons demandé à la direction d'ouvrir les discussions autour de cette question. En vain. Nous ne voulons pas avantager un corps par rapport à un autre. Cependant, nous avons remarqué que chacun bataille pour défendre son territoire. Il n'y a pas de raison de rester en marge de ces luttes, d'autant que la situation ne fait que se dégrader. Les jeunes syndicalistes refusent l'attentisme. Ils veulent passer à l'action. Nos mises en garde sont restées sans réponse», note le vice-président du SPLA. Selon lui, le mouvement de protestation devait être déclenché lundi dernier, mais vu le contexte des fêtes de fin d'année, il a été retardé pour hier. «De nombreux vols ont été annulés durant la matinée, d'autres ont été retardés. Le taux de suivi n'a pas été très important, parce que nous n'avions pas voulu lancer l'appel à tout le monde. Nous voulions juste attirer l'attention des responsables de l'entreprise afin qu'ils prennent en compte nos craintes. Certains pilotes, qui assuraient des vols en dehors d'Alger, n'ont pas répondu parce qu'ils pensaient que seuls leurs collègues de la capitale étaient concernés», déclare M. Seghouane. Il note que la réunion tenue avec le PDG dans l'urgence durant l'après-midi (de mardi) «a permis d'ouvrir le débat entre les deux parties. Des engagements ont été pris pour régler le problème définitivement. Dans la plateforme de revendications, il y a des points qui vont être mis en application dans l'immédiat et d'autres vont demander du temps, peut-être des mois. L'essentiel c'est que le message soit compris. Nous ne voulons pas que l'on compromette l'avenir des 10 000 emplois que compte la compagnie». M. Seghouane conclut enfin que la déclaration rendue publique par le PDG, faisant état de sa disponibilité à œuvrer pour assainir la situation, a été «très bien reçue par les pilotes» sans pour autant «oublier que la contestation peut revenir à n'importe quel moment en cas de non-respect des engagements».