Dix ans après l'étude réalisée par le bureau d'étude français Simecsol, les autorités de la ville continuent de tâtonner sur un terrain glissant. S'étendant sur une superficie de 288 ha pour environ 16 000 bâtisses (tous types confondus) abritant une population de 120 000 habitants, selon les dernières estimations livrées par l'APC de Constantine, le secteur urbain de Sidi Rached s'impose, côté jardin, comme le poumon économique et touristique du Vieux Rocher. Malheureusement, côté cour, cette image de carte postale cède vite le pas à une sombre réalité, celle d'un quartier miné par un sous-sol rongé par d'impressionnantes infiltrations d'eau dont l'épicentre serait localisé à la Abderrahmane Benmeliek (ex-Pinget), à hauteur des agences Aigle Azur et SEACO. Des accumulations gigantesques, soulignées il y a belle lurette par le bureau d'étude français EREG/SIMEC/SOL, lequel avait mené en mai 2002 une étude dite de phénomène. Cette investigation de longue haleine avait mis en exergue un niveau hallucinant d'eaux souterraines et anthropiques gangrenant cette partie de la ville. Un délabrement imputé à cette époque, d'une part, à la dégradation du réseau des eaux usées et, d'autre part, à des travaux débridés entrepris par les habitants du quartier, mais également aux ravages causés par des infiltrations des eaux pluviales. Selon Saïd Derdour, 1er responsable de ce secteur urbain, ces infiltrations ont aussi causé d'énormes dégâts au niveau du quartier de St Jean et de ses environs. L'essentiel du phénomène a été relevé à la rue Kitouni Abdelmalek et celle des cousins Boufenara, au niveau des terrains Kaïdi Abdellah et Amirouche, ainsi que dans les avenues Rahmani Achour et Zaâmouche. Ces écoulements seraient également responsables de la fragilisation de la culée du pont Sidi Rached, fermé quelques semaines pour des travaux de confortement menés dans cette partie stratégique du pont. S'exprimant sur le dossier sensible de l'affaissement d'une partie du coteau surplombant la rue Kitouni Abdelmalek, à quelques mètres seulement de l'école primaire Tarek Ibn Ziad, le premier responsable du secteur urbain Sidi Rached incrimine sans hésitation les fortes infiltrations d'eau de la rue Benmeliek. Selon cette source, les probabilités d'un nouvel éboulement sont quasiment nulles en l'état actuel des choses, ajoutant qu'un programme de réhabilitation sera mis en branle dans le courant de l'année 2012. Dans ce cadre, une autre source autorisée appelle de tous ses vœux, conformément aux conclusions de l'étude française, à la réalisation de tranchées de drainage s'étendant jusqu'à des profondeurs pouvant atteindre 6 m, voire plus. Toutes proportions gardées, l'autre option pouvant être envisagée pourrait concerner, d'après nos interlocuteurs, la construction de galeries, particulièrement dans les terrains limitrophes aux oueds de la ville où les risques sont multipliés par deux, selon les conclusions de l'expertise française. Neuf ans sont passés depuis et il y a fort à parier, disent-ils, que l'état du sous-sol des quartiers affectés s'est aggravé. Par conséquent, ils estiment qu'une nouvelle expertise s'impose afin de mieux appréhender l'état des entrailles du quartier de Belouizdad (ex-St Jean) et sa périphérie.