Quatre ans après les fameuses campagnes de démolition, avec pour conséquence une délocalisation que certains ont qualifiée de véritable déportation de la population vers les deux nouvelles villes de Massinissa et Ali Mendjeli, le secteur urbain de Sidi Rached n'arrive plus à faire la mue tant attendue. Les espaces rasés de la carte sont restés tels des plaies qui défigurent toujours des quartiers où, jadis, il y faisait bon vivre. En dehors de ses « beaux » boulevards et autres artères qu'on s'ingénie à « faire briller » quotidiennement, le secteur de Sidi Rached cache mal une laideur en noir et blanc qui ne reflète plus cette belle carte postale en couleurs de ces ponts connus par des vagues de touristes. Avec ses 120 000 habitants (selon le recensement de 1998) et ses 288 ha qui font de lui le plus grand secteur urbain de la ville de Constantine, Sidi Rached semble cumuler à lui seul toutes les tares et les mauvaises expériences de la cité du Vieux Rocher. Les campagnes de débidonvillisation des grands sites populeux de Rahmani Achour, Benzouid, Sidi M'Cid, Aouinet El Foul, Kaidi, Amirouche et la Poudrière, ont permis de dégager une bonne partie des 1400 gourbis, pour laisser place à des décharges sauvages et des espaces qui défigurent toujours les entrées de la ville. L'instabilité du terrain continue toujours de menacer les habitations implantées sur le versant ouest du site, mais aussi dans la vieille ville, où l'on recense plus de 200 bâtisses menaçant ruine. Une véritable bombe à retardement pour les autorités qui avaient pourtant la possibilité d'intervenir depuis des années mais… hélas ! L'étude diligentée en 2002 par le bureau français Simecsol sur le phénomène des glissements de terrain, et pour laquelle des sommes énormes ont été dépensées, n'avait presque servi à rien, et apparemment elle ne sert toujours à rien. Les solutions préconisées à l'époque pour la reprise des canalisations et la réalisation des tranchées « drainantes » sur des profondeurs de six mètres, avec l'option de planter des pieux coulés sur 12 mètres pour conforter les lieux menacés, ne seront pas retenues. Les autorités de la ville ont préféré démolir après un long bras de fer avec les propriétaires des maisons, notamment dans le quartier menacé de Belouizdad. Résultat : près de trois années après la mise à terre d'une quarantaine de bâtisses, le quartier de Belouizdad est devenu sans âme. Pire encore, aucun espace n'aura été utile pour les riverains si ce n'est ces pseudo-parkings qui font l'affaire de certaines bandes se disputant la moindre parcelle à coups de couteaux. Le secteur de Sidi Rached, qui se clochardise à travers les ruelles éloignées des boulevards, donne une image sinistre dans les rues Kitouni Abdelmalek et les Maquisards, où les locataires vivent encore sous la menace des effondrements. Le problème de la vieille ville demeure des plus épineux, car après deux campagnes de démolition anarchiques qui ont effacé une bonne partie de la mémoire de Constantine, l'on n'arrive plus à mettre en place ce fameux plan de réhabilitation des sites qui tombent en ruine, mais l'on continue toujours de tâtonner à travers d'interminables travaux de réfection des réseaux d'assainissement. Le secteur de Sidi Rached est dépourvu de jardins publics et autres lieux de détente. Malgré les efforts des autorités pour faire revivre le fameux square Gambetta, le lieu demeure triste.