Ils ont essayé, hier, d'éteindre notre plume avec le souffle de la mort et ont dû abdiquer devant son immortalité. Ils ont essayé, hier, d'éteindre notre plume avec le vent de l'exil et ont trébuché sur nos racines. Regardez-les qui s'acharnent aujourd'hui à vouloir l'éteindre avec le glaive du juge et le froid de la prison. Alors, levons-nous, Bachir mon frère, et annonçons à partir de nos geôles, toi, de ton cachot d'El Bayadh, moi, de ma cellule d'El Harrach, au milieu des fils de notre peuple annonçons aux montagnes fatiguées et aux mémoires outragées, à notre terre orgueilleuse et aux printemps inexorables, à nos femmes résolues et aux hommes humbles, annonçons que la flamme de la plume libre attisée par les braises des serments faits aux martyrs a déjà triomphé du froid de la prison. Jurons de nos bagnes, Bachir, que nous la garderons allumée tant que durera la nuit sur notre peuple, car notre plume lui appartient et que nous lui sommes redevables de mille lumières. Elle l'éclairera obstinément comme un phare insolent planté dans l'océan du malheur pour indiquer les rades de l'espoir. Mohamed Benchicou