Jamais l'Union nationale des travailleurs algériens (UGTA) n'aura été mise devant une si rude épreuve. Ce syndicat devant affronter une rentrée sociale « chaude » en l'absence d'une réelle opposition politique des partis. A cet état de fait vient se greffer, également, la revendication de créer des syndicats autonomes, à l'instar du Snapap. De nombreuses catégories de travailleurs se disent démobilisées à cause du manque de punch du patron de l'UGTA vis-à-vis de questions qu'elles jugent cruciales. Abdelmadjid Sidi-Saïd est accusé, dans diverses tribunes, de « chercher à chaque fois des compromis avec les autorités officielles ». Menaces Ses détracteurs estiment que « ça sera le cas encore pour cette fois-ci et ce, du fait ce que tout le monde sait et dit des rapports personnels qui le lient avec Ahmed Ouyahia », avance un responsable agissant pour créer un syndicat autonome. Si on se réfère aux menaces de contestation brandies, ces dernières semaines, par plusieurs partenaires sociaux, Sidi-Saïd ne pourra finalement compter que sur lui-même. Aujourd'hui, on est loin d'une démarche comme celle ayant amené Sidi-Saïd à décider pour une grève nationale de deux jours (25 et 26 février 2003). C'était à deux mois et demi avant le limogeage de Ali Benflis, alors chef du gouvernement. Ce week-end de Constantine, à l'occasion de la tenue de l'université d'été du RND, le chef de l'Exécutif fera une mise au point qui s'apparente à un message hautement politique. « A ceux qui se sentent dérangés, nous disons qu'Ahmed Ouyahia reste », dira-t-il. La bipartite, annoncée pour le mois de septembre prochain, sera d'ailleurs un véritable test pour l'actuel patron de l'UGTA. Sommé d'obtenir des résultats satisfaisants, entre autres, à propos de la permanisation de 300 000 fonctionnaires vacataires, le patron de la centrale syndicale « est attendu au tournant », comme on dit chez nous. Devant une intransigeance d'un chef de gouvernement qui a eu déjà à faire ses preuves devant toutes les formes de contestation sociale, Sidi-Saïd devra affronter une base syndicale qui prend, indirectement, ses distances avec le patron de l'UGTA. A contrario de ce qui a prévalu jusqu'à l'an dernier, il n'est plus fait désormais mention au « frère Sidi-Saïd » dans les communiqués des différentes fédérations ou sections syndicales affiliées à l'UGTA. On use plutôt de mentions du genre : « Les travailleurs sont appelés à se mobiliser derrière leurs représentants. » Le 13 juillet dernier, la section syndicale du groupe ENCG, affiliée à la Fédération nationale des travailleurs des industries agroalimentaires (FNTIAA), apporte une précision. « Pour éviter toute manipulation politico-politicienne comme constaté à la veille de l'élection présidentielle, il a été décidé de reporter certaines mesures de protestation à la rentrée sociale. »