Le rapport détaillé, dont Liberté s'est procuré une copie, du patron de la Centrale syndicale sur la situation touche douze points inhérents au conflit. L'intervention du Premier ministre devra toucher dix chapitres urgents pour mettre fin à cette situation kafkaïenne. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a rassuré le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi-Saïd, du règlement définitif du conflit qui oppose, depuis plusieurs mois, les travailleurs de la Société nationale des travaux routiers (Sonatro) à l'administration de l'entreprise, mais aussi des syndicalistes qui avaient fait l'objet de mesures disciplinaires. En effet, M. Ouyahia s'est engagé à apporter des solutions concrètes à cette situation kafkaïenne, qui a abouti à des licenciements, à des salaires impayés, à l'absence d'un plan des charges, mais surtout à la sérénité de la grande entreprise qu'est Sonatro. Relevant le paradoxe criant entre l'existence de l'activité et le chaos dans lequel a sombré cette société étatique, le patron de la Centrale syndicale a pris les choses en main et sollicité l'intervention urgente du Premier ministre, afin de sauver près de 2 000 emplois. Le chargé des conflits à l'UGTA, M Teli, est catégorique : “Sidi-Said a fait un travail colossal et notre département s'est mobilisé depuis des semaines afin d'étudier en profondeur ce conflit. Le gouvernement a pris acte de la situation et a promis de régler définitivement ce grave litige.” Notre interlocuteur, qui a par ailleurs évoqué un rapport envoyé au gouvernement, estime que “le règlement de ce conflit est difficile, mais possible, dès qu'il s'agit de l'avenir d'une grande entreprise et de plus de 2 000 travailleurs”. En ce sens, la nature du conflit de Sonatro laisse perplexe plus d'un, surtout que ce géant des travaux routiers sombre un peu plus chaque jour dans la paralysie. Le rapport envoyé par Sidi-Saïd à Ouyahia, dont Liberté s'est procuré une copie, relève de graves anomalies, dépassements et situations entachées d'anachronismes. Sonatro victime du ballottage entre Ghoul et Temmar En 2006 déjà, le syndicat d'entreprise avait saisi le conseil d'administration sur l'état des lieux, notamment le fonctionnement suranné de Sonatro, la prise de décisions unilatérales, le laisser-aller des centres de productivité, le transfert du poste d'enrobage en activité d'Oran vers Biskra, l'arrêt (pendant 6 mois) du poste d'enrobage de Oued-Smar et la déstabilisation de l'encadrement créant un climat de suspicion. Le syndicat avait également alerté la direction de Sonatro sur le retrait de titres miniers qui risquait de toucher deux sites stratégiques, dont Zaccar et Constantine, les retards considérables accusés pour les projets déjà contractés, matériel en“otage” chez d'autres entreprises et l'absence de stratégie en matière de gestion de la dette, ainsi que le recouvrement opaque des créances. En juillet 2007, une réunion s'est tenue entre le syndicat et la SGP Sintra sur la reprise des négociations avec le partenaire social (UGTA), le paiement des salaires, le paiement des frais de mission, les œuvres sociales, le versement des cotisations Cnas et Cacobath, les sanctions à l'encontre des travailleurs et syndicalistes et la plateforme de revendications. Deux ans plus tard, soit en mars 2009, le syndicat adresse une correspondance au ministre des Travaux publics, M. Amar Ghoul, pour l'interpeller sur la situation qui s'aggravait. D'autres écrits seront également adressés et successivement au président directoire SGP – Sintra, au ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Abdelhamid Temmar, par le département des conflits sociaux, et, enfin, au ministre des Travaux publics par le même département. Licenciements abusifs et jusqu'à 12 mois des congés d'office Devant le mutisme des parties citées, les travailleurs passent à l'action : plus de 500 travailleurs ont protesté devant le siège de la direction générale, à Reghaïa, pour dénoncer la mise en congé de plus de 600 travailleurs, le non-paiement des salaires, l'inactivité de certains centres d'activité, la non-couverture sociale pour certains travailleurs, le blocage par la direction générale, depuis fin décembre 2005, des œuvres sociales, les annulations de certains projets, les plaintes contre les syndicalistes et l'absence de dialogue social et enfin le licenciement de 252 travailleurs à compter du 18 mai 2009, relevant de 6 unités et de la direction générale pour motif de rupture unilatérale de la relation de travail. Une réunion d'urgence sera alors tenue entre plusieurs parties pour discuter sur le devenir de Sonatro. Les négociations avaient ainsi abouti au retrait des plaintes et au paiement des salaires. Le dossier a ensuite été transmis au département de M. Ghoul par le ministère de l'Industrie et la Promotion des investissements. D'autres écrits seront transmis à l'UGTA avant que le syndicat ne décide d'organiser des sit-in quotidiens devant la Centrale syndicale. L'intervention de Sidi-Saïd aboutira ainsi à l'étude du conflit avant d'établir ledit rapport envoyé au Premier ministre et qui devra toucher dix chapitres urgents. Ainsi, l'UGTA propose de clarifier le devenir de Sonatro, d'assainir sa situation financière, d'établir une dérogation pour que Sonatro soumissionne les projets des wilayas, la réintégration des 256 travailleurs et syndicalistes licenciés, le règlement du problème des salaires impayés et les dossiers de justice et asseoir une équipe managériale performante capable d'exécuter un plan de redressement.