Des vagues de clochards et de SDF (sans domicile fixe) occupent les rues et les trottoirs de la ville de Ouargla. Ils sont de tous âges et des deux sexes, encore plus nombreux que les dernières années à élire domicile dans la rue, sans que cela offusque quiconque. Qui mérite la charité ? La question reste entière. A la gare routière inter- wilaya comme à Souk El Had, le marché quotidien de l'ancienne ville, devant les bureaux de poste, les banques et les mosquées, des dizaines de mendiants surgissent de nulle part et traversent la foule. De vieux handicapés portant d'anciennes ordonnances médicales, des femmes portant des bébés, des hommes en haillons ou bien habillés prennent pour cibles les passants, chacun son discours et chacun sa manière de susciter la pitié et d'affecter la sensibilité des gens afin de recevoir une aumône souvent arrachée de force. Ainsi, l'on constate qu'un nombre croissant de subsahariens fuyant la crise libyenne sont devenus la nouvelle constante de l'équation. D'ailleurs, on se rend bien compte que pour la majorité de ces mendiants, c'est un véritable métier, un gagne-pain rentable qui représente une source d'argent non négligeable, à commencer par un minimum quotidien de repas chauds dans les gargotes voisines, un taxi et une chambre d'hôtel tout près du squatt de la journée. En revanche, il existe une autre frange touchée par la souffrance, ce sont les enfants et les malades mentaux qui sont généralement victimes de violences en l'absence de toute intervention en leur faveur. Les APC et services sociaux de la wilaya semblent dépassés par ce phénomène et Ouargla devient l'eldorado des mendiants, la planque, puisque personne n'importune personne et l'argent est donné de bonne foi.