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Le système LMD : Pour une valorisation des formations professionnelles
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Depuis l'indépendance, l'université algérienne a connu plusieurs réformes. La plus notable reste à ce jour celle qui a été introduite en 2004, plus connue sous l'appellation de «nouveau système LMD» (Licence-Master-Doctorat).
Depuis bientôt huit ans après son avènement, ce système continue de susciter des réticences et des interrogations auprès de la communauté universitaire. Certains y voient une réforme néolibérale, dictée par les accords d'association avec l'Union européenne et les prémices d'un désengagement de l'Etat dans ce secteur stratégique, pour ouvrir la voie à la privatisation de l'université. Pour d'autres, c'est le fruit de l'application d'une réforme importée «clés en main», sans tenir compte des réalités de l'université algérienne et de ses spécificités.
La gestion d'une telle réforme n'est pas une chose aisée, car elle implique plusieurs acteurs importants, notamment les enseignants, qui sont en première ligne, ensuite les différents responsables de l'université (chefs d'établissement, doyens, chefs de département...) qui gèrent au jour le jour des problèmes inextricables, enfin les étudiants, dont beaucoup sont sceptiques quant à l'opportunité d'une telle réforme. Est-ce que le LMD est capable de relever le défi de désenclaver une université fermée sur elle-même ? A-t-il atteint le point de non-retour ? Ou alors sera-t-il une énième réforme dans l'air du temps, obéissant plutôt à des effets conjoncturels ?
En Europe, d'où cette réforme a été importée, la conférence de la Sorbonne de 1998 a marqué une prise de conscience et une volonté politique quant aux véritables enjeux de la construction d'un espace européen commun pour l'enseignement supérieur. Il s'agissait alors de rendre l'Europe des universités plus attractive aux étudiants et aux professeurs du reste du monde, dans un contexte d'internationalisation du savoir et de la compétition entre les universités. Un an plus tard, la conférence de Bologne lui a donné une traduction permettant de rendre compatibles les architectures nationales, tout en préservant le système universitaire propre à chaque pays.
Le processus ambitionne de faire converger les systèmes d'enseignement supérieur vers une architecture homogène fondée sur trois cycles principaux : la licence, le master et le doctorat. Il ne s'agit pas de mettre en place un système universitaire unique, mais bien de placer les systèmes nationaux diversifiés dans un cadre commun. A noter que chaque pays s'intègre dans le processus selon des modalités qu'il choisit librement. Cette particularité fait que notre université peut disposer de son propre système LMD qui prenne en considération les réalités du terrain et son environnement.
La première difficulté a été sa mise en place graduelle, qui a permis de le roder en douceur et donc l'a mis en concurrence directe avec l'ancien système dit «système classique». Ceci a engendré une situation anachronique et ubuesque, qui permet de gérer deux systèmes d'enseignement en même temps. Elle a mis en concurrence deux systèmes qu'on a voulus, dès le début, présenter comme antagonistes. La difficulté s'est fait ressentir à tous les niveaux de responsabilité de l'université (rectorat, faculté, département...).
Ainsi, le LMD continue aujourd'hui de cohabiter plus ou moins «pacifiquement» avec l'ancien système, du moins pour quelque temps encore. Même si ce dernier tend à disparaître graduellement de la carte universitaire, il continue néanmoins à poser d'énormes problèmes de gestion, notamment en ce qui concerne, par exemple, les équivalences des diplômes obtenus dans les deux systèmes (l'équivalence du diplôme d'ingénieur d'Etat a paralysé les campus universitaires durant plusieurs mois), ou la nécessité d'assurer encore l'ouverture de nouveaux magistères pour les étudiants issus du système classique...).
Décidément, ceux qui ont parié sur une extinction rapide du système classique doivent maintenant se mordre les doigts. Cette cohabitation forcée ne s'est pas faite sans douleurs et surtout sans causer de problèmes et soubresauts qui ont secoué dès cette rentrée les différents établissements supérieurs du pays. Pour preuve, les mouvements de grève observés dans plusieurs campus avec des mots d'ordre assez édifiants pour les uns et logiques et légitimes pour les autres. De quoi s'agit-il ? En fait, la plupart des formations initiées graduellement dans le cadre du nouveau système LMD dans pratiquement toutes les universités du pays arrivent durant cette année au troisième palier qui est le doctorat (licence : bac +3, master : bac+5,
doctorat : bac+8).
La rentrée universitaire de cette année a été particulièrement éprouvante à cause du problème posé par de nombreuses promotions d'étudiants qui réclament le droit au passage au master pour tous. Chose qui n'est pas facile à satisfaire, parce que la formation dans ce cycle (le master, et surtout le doctorat) obéit à des impératifs d'encadrement plus draconiens. Ces formations doivent respecter les normes universelles (encadrement de haut niveau avec des enseignants de rang magistral (maîtres de conférences et professeurs), disponibilité de laboratoires scientifiques solidement équipés (du moins pour les formations scientifiques ou techniques)...
L'état actuel des moyens en encadrement ou en matériel scientifique disponible dans la plupart de nos universités ne répond pas pleinement à ces revendications, même si un effort considérable est fait par la tutelle pour combler ces insuffisances. La majorité des étudiants pensent que de nos jours une licence ne sert plus à grand-chose. Le même constat est en train de se répéter pour le master. Qu'en sera-t-il alors pour le doctorat ? Evidemment, cette situation a empiré en grande partie à cause du déficit en communication envers les étudiants, et surtout à cause de l'hésitation et du retard pris dans la promulgation des textes réglementant cette nouvelle formation (les arrêtés du Mesrs n° 711 et 712 du 3/11/2011, plus précis et plus explicites, ont abrogé et remplacé les arrêtés n° 136 et 137 du 20/06/2009), ce qui a fait que le fossé d'incompréhension entre les étudiants et l'administration universitaire s'est élargi.
Un dialogue de sourds s'est installé, attisé par certaines parties activant au sein des campus universitaires avec des intérêts parfois occultes. Parmi les objectifs du LMD (entre autres la régulation des flux d'étudiants et la limitation de leur durée de séjour à l'université, les impératifs d'adaptation liés à la mondialisation, la spécialisation pointue des offres de formation...) une priorité a été donnée à la mise en place d'un enseignement supérieur de qualité qui s'adapte à son environnement socio-économique, avec l'offre de formation «à la carte» et en adéquation avec les besoins des régions où sont implantées les différentes universités du pays.
Cette démarche, certes louable, manque à ce jour d'efficience, à cause des réactions mitigées de certains responsables du secteur socio-économique, qui sont pourtant partie prenante dans la réussite de cette réforme, surtout en ce qui concerne les offres de formation (licences ou masters professionnels). La plupart des étudiants engagés dans ces formations peinent à trouver des stages pratiques qui puissent leur permettre de compléter leur formation théorique par une formation pratique, ou pour accomplir leurs travaux de fin d'études qui leur sont nécessaires au parachèvement de leurs études et l'obtention de leurs diplômes. Sans l'implication stratégique de ses secteurs (ministères, entreprises nationales ou privées, industries, sociétés et banques,...) dans la formation préconisée par le LMD, toute politique visant à placer une coopération réelle ou supposée entre l'université et ses différents partenaires sera forcément vouée à l'échec.
Cette action intersectorielle doit obéir à des règles précises qui permettront de placer des mécanismes favorisant l'émergence d'un partenariat gagnant-gagnant entre les universités et leurs différents partenaires des secteurs industriels ou socio-économiques. La situation à laquelle sont confrontés des collègues enseignants dans la plupart des universités du pays dans le cadre de la mise en place d'un partenariat avec des acteurs du secteur industriel ou socio-économique relève de la gymnastique la plus pure. Dans beaucoup de cas, et sans vouloir généraliser, ces responsables se cantonnent dans une autosuffisance certaine, et donc évitent ou refusent cette collaboration.
Plusieurs constats peuvent être faits à ce niveau : «crainte» de la hiérarchie, repli sur soi, manque de confiance dans les compétences nationales (on préfère faire souvent appel à des experts étrangers pour résoudre des problèmes largement à la portée de chercheurs nationaux). Ces barrières, parfois insurmontables, obligent, dans la plupart des cas, les enseignants concernés à revoir leur stratégie ainsi que leur plan de travail et à en modifier les axes de recherche, pour les licences ou les masters.
Cette situation paradoxale, largement répandue dans nos universités ou centres universitaires conduit irrémédiablement à convertir par la force des choses, une licence ou un master professionnels vers une licence ou un master académique. Bien sûr, l'importance des formations académiques ne peut, en aucun cas, être remise ici en cause. Ceci se traduit malheureusement par une confusion des genres entre licences et masters professionnels qui s'apparentent plutôt à des parcours académiques... Cette situation, si elle perdurait, risquerait de causer un tort irréparable à la pertinence de l'enseignement LMD. Il faut préciser que les formations professionnalisantes répondent d'une façon générale à un objectif de formation vers des métiers.
Cet objectif est atteint par la mise en œuvre d'une stratégie pédagogique appropriée s'appuyant sur un partenariat étroit et soutenu par le secteur socio-économique. Le savoir apporté par les disciplines fondamentales traditionnelles est complété par une formation aux savoir-faire et savoir-être du monde socio-économique et industriel. Les savoirs professionnels et la culture d'entreprise sont acquis par une intégration de professionnels dans les équipes pédagogiques et par une immersion de l'étudiant dans le monde du travail, principalement sous forme de stages, souvent précoces, répétés dans le cursus et de durée substantielle, avec l'étroite collaboration de l'université. Il en résulte une plus grande adhésion de l'étudiant à son projet d'études et à son projet professionnel, qui se traduit notamment par une amélioration de sa réussite universitaire.
Le tissu relationnel établi entre l'université et le secteur socio-économique facilite en outre l'insertion professionnelle des jeunes diplômés. En effet, concernant les formations supérieures professionnalisantes, la contribution des entreprises est sollicitée à plusieurs niveaux : définition du métier auquel prépare la formation, définition des besoins en qualifications, participation des professionnels spécialistes à des enseignements, accueil des étudiants en stage, recrutement des étudiants formés... A ce propos, parmi les mécanismes mis en place par le LMD, il y en a un qui revêt un intérêt capital pour la réussite de la réforme et qui est malheureusement (du moins pour le moment) sous-utilisé et marginalisé. Il s'agit du tutorat.
Le tutorat est l'accompagnement de l'étudiant en dehors des tâches pédagogiques, pour lui faciliter son implication dans ce système d'enseignement et lui permettre d'acquérir une certaine autonomie dans sa formation, et de lui offrir les moyens pour sa réussite à travers un encadrement de proximité. C'est en cela que le tutorat est essentiel, en tant que dispositif de suivi méthodologique et pédagogique. Le tutorat dans le système LMD vise ainsi à conduire l'étudiant à bout de bras dans l'élaboration de son parcours de formation et dans ses apprentissages tout au long de son cursus universitaire, du moins jusqu'à la fin de son premier cycle.
Ceci permettra sans nul doute une insertion rapide de l'étudiant qui a obtenu son diplôme de licence ou de master dans le monde du travail. Il y a une action urgente à entreprendre dans l'optique de valoriser les formations universitaires à caractère professionnalisant, surtout après la disparition des filières d'ingénieur. Cette réhabilitation va permettre une grande attractivité de ses formations. Ceci passera nécessairement par la contribution pleine et entière du secteur utilisateur et pourvoyeur d'emplois. Un autre aspect salutaire peut être envisagé, si tous les mécanismes du LMD sont mis à contribution, et qui permettra alors à nos étudiants de penser à réfléchir très tôt à mettre en place leur projet de carrière avant la fin de leurs études. Est-ce que notre université est incapable de produire l'égal d'un Steve Jobs (qui a conçu et fabriqué son premier ordinateur l'Apple1 dans le garage familial avec des moyens financiers dérisoires, et qui a réussi par la suite à fonder l'une des plus grandes entreprises d'informatique au monde).
Je reste parfaitement convaincu que nous côtoyons très souvent dans les amphis et les labos des étudiants surdoués qui ne demandent qu'à être sérieusement pris en charge pour exprimer leur talent. A défaut, ils vont choisir le chemin de l'exil forcé, doré pour certains, et faire le bonheur des entreprises et des laboratoires de recherche étrangers. Et si le LMD était une aubaine pour mettre notre université au diapason du progrès mondial ? Faudrait-il alors penser à œuvrer pour mettre toutes les chances de son côté pour sa réussite. Si c'est le cas, alors la réhabilitation des formations professionnelles est impérative pour la réussite de cette réforme. Elle va, sans nul doute, enclencher un processus de création de petites entreprises (genre de start-up), où l'initiative personnelle de l'étudiant diplômé et son intéressement dans son capital et ses bénéfices sera un gage de sa réussite.
Cette dynamique va créer un effet d'entraînement qui sera profitable à tous les secteurs utilisateurs, favorisant ainsi des rapprochements avec les grandes entreprises et les PME, mais aussi avec les réseaux bancaires, les collectivités locales..., et par ricochet, à l'université, dans le sens de l'amélioration des formations ainsi que de l'ouverture de nouvelles spécialités. Parce que le secteur de l'enseignement supérieur en Algérie se situe au croisement de la formation, de l'éducation, de la recherche et de la diffusion de l'innovation, il joue un rôle central dans l'économie et la société de la connaissance et détermine alors le degré de compétitivité de notre pays.
Car, même si la réforme LMD, souvent plébiscitée, pâtit du manque de moyens alloués pour sa mise en œuvre, elle tient, néanmoins, entre ses mains les clés de la réussite de notre université. De ce fait, l'Etat se doit de mettre des moyens sans précédent dans l'enseignement supérieur, en imposant une implication intersectorielle globale, car les progrès de l'université et sa visibilité à l'étranger, ainsi que l'avenir du pays en dépendront largement et se joueront forcément sur le terrain de la compétitivité et de l'excellence.


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