L'association des hémophiles organise aujourd'hui un sit-in devant le ministère de la Santé pour exiger l'annulation de l'importation des dérivés de sang de Chine. La Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) est sur le point d'attribuer définitivement le marché du médicament dans lequel plus d'une trentaine de produits n'étaient pas enregistrés, tel qu'exigé par le cahier des charges et dont certains constituent un danger pour les malades algériens. Ces produits, dont des dérivés de sang (tel le facteur 8 produit en Chine et commercialisé par l'Inde) risquent d'être à l'origine d'autres maladies encore plus complexes que celles censées être traitées. Entaché d'irrégularités par rapport au cahier des charges et au code des marchés publics, l'appel d'offres international pour l'approvisionnement en médicaments lancé par la PCH en février 2011 ne sera validé qu'en janvier 2012. Un retard provoqué par le ministère de la Santé pour permettre aux fournisseurs soumissionnaires de compléter leurs dossiers, alors que les échéances d'exécution étaient déjà fixées par le cahier des charges et que les dispositions sont claires. L'article 1er stipule que «le présent appel d'offres a pour objet l'acquisition par la PCH (Algérie), pour une durée d'une année, des médicaments enregistrés ou bénéficiant d'une autorisation du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. La liste de ces médicaments est annexée au présent cahier des clauses générales». D'ailleurs, plusieurs dossiers relatifs à des produits anticancéreux, jugés incomplets, ont été rejetés, dans un premier temps, par le Laboratoire national de contrôle de qualité des produits pharmaceutiques (LNCPP). Une étape importante dans l'enregistrement des médicaments. Sur la liste des 33 produits – dont le marché a été attribué provisoirement à la mi-décembre 2011, malgré l'absence de décisions d'enregistrement – figurent Epirubicine, Cytarabine, Oxaliplatine (un anticorps monoclonal), Rutiximab sous forme de copie non identifiée, des dérivés sanguins, le facteur 8 antihémophilique qui n'est pas commercialisé dans son pays d'origine (Inde). Une condition pourtant exigée par les dispositions réglementaires concernant l'importation des médicaments. Le choix porté sur ces produits est motivé, selon des explications fournies par des responsables à la PCH et au ministère de la Santé, par leur prix. Dans le cas du facteur 8 antihémophilique, un dérivé sanguin, où le danger est réel, la différence n'est pas énorme ; elle ne représente que 3% par rapport au prix de l'autre fournisseur, dont le produit est enregistré et utilisé en Algérie depuis plusieurs années. «Pourquoi s'acharne-t-on à prendre ces produits dont les conséquences peuvent être fatales pour les malades algériens alors que nous avons tout le temps d'examiner ces produits une fois tous les documents nécessaires remis par les fournisseurs ? Le prix peut bien être intéressant, mais pas au détriment de la vie d'êtres humains», nous confie une source proche du dossier, qui souligne qu'il n'y a aucune urgence à ce niveau-là. Devant ce fait accompli, l'association des hémophiles organise aujourd'hui un sit-in devant le ministère de la Santé pour exiger l'annulation de ce produit qui «peut être néfaste pour les malades». Pour la présidente de l'association des hémophiles, Melle Lamhen, au moment où l'on promet aux malades d'être traités avec des produits recombinants plus sécurisés, «la PCH nous offre des dérivés issus de donations de Chine et d'Inde sans prendre l'avis des médecins et ignorant le bien-être des malades, dont 60% des hémophiles sont porteur du virus de l'hépatite C (HCV) et 1% du VIH, alors que tous sont traités en Algérie». Et de s'interroger : «La PCH peut-elle garantir ces produits aux hémophiles et l'Algérie dispose-t-elle de moyens de contrôle efficaces pour éviter des contaminations ?» En attendant l'attribution définitive de ce marché de 2011 qui compte près de 1000 produits jusque-là hypothéqué, les centres hospitaliers souffrent déjà de rupture de plusieurs produits nécessaires.