Pour se connaître, il faut d'abord se compter. Combien ? 37 millions, c'est la population algérienne, au 1er janvier 2012. Ensuite, savoir qui veut quoi et qui aime qui, sans en venir aux mains. Pour ce faire, on a inventé les élections, pour connaître la répartition du désir sur le territoire. Sauf qu'en Algérie, tout est plus compliqué. Certains veulent un Président qui décide pour tout le monde et évite à chacun de réfléchir, d'autres veulent des députés qui défendent les citoyens en faisant évoluer les lois. C'est peut-être pour cette raison qu'une élection présidentielle est l'inverse des élections législatives. Si pour la dernière présidentielle en 2009, 74% des électeurs ont voté, aux dernières législatives de 2007, 74% des électeurs n'ont pas voté. Officiellement donc, trois Algériens sur quatre ont choisi l'actuel Président et trois Algériens sur quatre n'ont pas daigné choisir leurs représentants à l'Assemblée. Sont-ils les mêmes ? Personne ne peut le dire, pas même l'actuel ministre de l'Intérieur qui vient d'annoncer 20 millions d'électeurs. Mais au-delà de ce dossier sensible du fichier que personne n'a le droit de contrôler, il y a un autre aspect, encore plus compliqué. En théorie, on peut choisir son destin à 18 ans, l'âge où l'Algérien(ne) a le droit de voter. Mais en pratique, un Algérien n'est adulte qu'à 70 ans et une Algérienne après sa mort, il n'y a qu'à voir l'âge des dirigeants ou l'énorme abstention chez les jeunes pour le réaliser. Il faut donc retirer 15 millions de l'électorat. Sur les 5 millions qui vont voter, 4 sont trop vieux pour se déplacer jusqu'au bureau de vote. Sur le dernier million, 900 000 sont à l'étranger. Sur les derniers 100 000, 90 000 ont un cancer. Sur les 10 000 restants, 9900 ne croient pas aux élections. Il en reste 10, dont 9 font des affaires pendant le vote. Finalement, il n'y a qu'un seul électeur. Mais qui est-il ?