A l'occasion de son passage à Souk Ahras pour l'installation des structures locales de sa formation politique, Ali Fawzi Rebaïne, président du parti de l'opposition AHD 54, a animé hier, à la salle de conférence Tahri Miloud, un meeting avec ses militants. Il a dressé un bilan peu reluisant de la situation du pays, tous secteurs confondus. Il a critiqué la centralisation du pouvoir de décision, l'imputant à «un pouvoir qui a peur de son peuple». Et d'étayer ainsi son appréciation : «Pour régulariser une situation quelconque, le citoyen doit se rendre à la capitale où sont réunies toutes les structures étatiques. Ce qui réduit l'initiative locale et encourage la bureaucratie.» La bureaucratie est un phénomène de sous-développement, selon l'orateur, qui considère qu'à l'ère de l'internet, des Algériens font quotidiennement le pied de grue devant les guichets de l'état civil ou au tribunal pour demander un extrait de naissance ou une copie du casier judiciaire. La banqueroute du système éducatif, les prérogatives illimitées des walis et des chefs de daïra, la corruption à petite, moyenne et grande échelles, les disparités sociales, l'apparition d'une justice de classe et le verrouillage du secteur de l'audiovisuel sont autant de points développés par M. Rebaïne. Au sujet de la politique étrangère, il dira : «Le peuple algérien qui a été, de tout temps, favorable aux causes justes, ne peut se reconnaître à travers les positions officielles de ceux qui détiennent le pouvoir.» L'édification du Maghreb arabe est tributaire, selon lui, d'une cohésion populaire que seuls des gouvernants issus d'élections démocratiques peuvent assurer. S'agissant des prochaines élections, le président de AHD 54 s'est dit sceptique quant à la bonne volonté des décideurs : «La fraude est une tradition de la pensée unique et, jusqu'à preuve du contraire, rien n'augure la transparence pour les prochaines échéances électorales. Le peuple qu'on accuse à tort, à travers le discours officiel, d'oublier ses devoirs, a aussi des droits, dont celui de choisir librement ses représentants.» Dans le même ordre d'idées, il revient à deux reprises sur l'appel du 1er Novembre et la plateforme du Congrès de la Soummam pour rappeler à ses militants de Souk Ahras, 50 ans après l'indépendance, que les principes fondamentaux de la Révolution, notamment ceux relatifs aux libertés et à l'alternance, ont été dévoyés.