Un collectif d'Algériens vivant en France a, à la faveur d'une réunion publique, vendredi, présenté une charte qui sera sa feuille de route pour le soutien et l'accompagnement des luttes pacifiques pour «la fin du système» et «l'instauration d'un Etat de droit». Paris. De notre correspondante L'année 2011 a marqué un tournant historique pour nombre de pays du Monde arabe. La Révolution tunisienne, victorieuse, a redonné de l'énergie et de l'espoir à tous les peuples de la région.» «En Algérie, une mobilisation populaire nouvelle a vu le jour au début de l'année 2011. En résonance avec des soulèvements à travers le pays, l'apparition d'une Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNDC) a permis de remobiliser sur des questions sociales et démocratiques – pour la première fois, après des années de guerre civile puis de torpeur populaire face aux attaques contre tous les acquis de l'Indépendance», rappelle le collectif Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA). Et de préciser qu'en France, en soutien et en écho à cette mobilisation, est né ACDA. Son projet est de mobiliser tous les Algériennes et Algériens résidant en France, ainsi que les amis de l'Algérie «désireux de voir notre pays reprendre résolument sa marche vers un changement démocratique, porteur d'espoir et d'avenir pour toute la société». Aussi, «tirant les leçons du passé, convaincu de l'absolue nécessité de la clarification politique», l'ACDA s'est doté d'une charte précisant les principes autour desquels il veut rassembler et mobiliser. Cette charte est le résultat de huit mois de débats d'un groupe d'une cinquantaine de personnes, précisent les membres du bureau de l'ACDA. «Chaque mot, chaque phrase ont été longuement discutés et débattus, parfois âprement» du fait, notamment, que le collectif regroupe des «militants de diverses sensibilités acquises aux principes démocratiques». Ce collectif, qui se veut «indépendant – de tout Etat, de tout parti politique et de tout autre mouvement –, libre de ses appréciations et autonome dans ses décisions», forme l'ambition d'être un «espace de réflexion, de débat et d'action dans une démarche pacifique».Il s'assigne comme objectifs et s'engage à lutter pour «la fin du système politique actuel ; pour une alternative civile excluant toute ingérence de l'armée, dont la mission sera limitée à la défense du territoire national ; dissolution de toute police politique, y compris le DRS ; mise de toute structure de renseignement, militaire ou civile, sous le contrôle d'instances démocratiquement élues ; construire une démocratie fondée sur un Etat de droit garantissant les droits humains et les libertés fondamentales tant individuelles que collectives, ainsi que la justice sociale ; agir pour l'organisation du politique et du religieux en sphères distinctes ; élection d'une Assemblée constituante – au terme d'une période de transition transparente menée par un gouvernement dont les membres n'auraient jamais fait partie du régime et durant laquelle les différentes tendances politiques, sociales et culturelles puissent s'exprimer et s'organiser – qui aura pour mission la rédaction d'une Constitution consacrant un Etat de droit démocratique et social, dont les débats seront publics et qui soumettra le projet de la nouvelle Constitution au peuple par référendum». Suivent d'autres objectifs de liberté, d'égalité, de promotion et de développement relevant de la sphère linguistique, culturelle, sociale, médiatique et économique. L'action en faveur de l'établissement de la vérité et de la justice sur les crimes et violations des droits humains, «notamment ceux commis en octobre 1988, dans les années 1990 et en 2001, quels qu'en soient les auteurs». Et aussi «militer pour un Maghreb démocratique uni et fédéré» et «jeter les passerelles entre les luttes du peuple algérien et les révolutions démocratiques amorcées en Afrique du Nord et au Moyen-Orient contre les autocraties locales». Séminaire sur «L'arrêt du processus électoral de janvier 1992, 20 ans après» ACDA organisera, vendredi prochain, un séminaire sur «L'arrêt du processus électoral de janvier 1992, 20 ans après», à la Bourse du travail de Paris. Seront au programme les interventions de Madjid Benchikh (professeur de droit) avec une communication sur les «Analyses et bilans» ; de Fériel Fatès-Lalami sur «Les associations de femmes dans la période post-1991. Les enjeux et la singularité de la question des femmes dans la société algérienne et dans les soulèvements actuels dans le Monde arabe». Ramzi Larkem (juriste) fera une communication sur «Les réformes 2011-2012 : les défis lancés aux associations et aux syndicats autonomes» ; Aïssa Rahmoune (membre de la Laddh) sur «Les luttes pour les droits de l'homme aujourd'hui» ; Kaddour Chouicha (syndicaliste, membre de la CNCD-Oran) sur «La situation économique et les libertés syndicales».