Par le Pr Nacira Zellal (*) Enfin ! D'après le diplôme délivré en juin, après 2 ans de retard, et en application du décret du 3 juin 1987, article 01, le titre de licence d'orthophonie vient d'être régularisé sous la forme : licence d'orthophonie au lieu de licence de psychologie option orthophonie, anomalie qui a permis, des décennies durant, de graves confusions entre psychologie et orthophonie, deux disciplines, deux métiers, deux sciences (aux objectifs universellement définis) pourtant différents. Deux chaires égales, ayant chacune ses propres spécialités et sans sujétion de l'une à l'autre. La reconnaissance du département d'orthophonie autonome, totalement séparé de celui de psychologie, s'impose donc aujourd'hui davantage et logiquement, comme dans le monde entier. Je signale au passage que la traduction en langue arabe du terme orthophonie, dans le décret de 1987, est administrative et non scientifique. Elle n'a pas de sens, c'est pourquoi, il faut retenir le terme translittéré depuis 30 ans : «orthophonia», comme «proutoun» et «telveza». Décriée par tant d'articles de presse, l'ingérence de l'administratif dans le pédagogique est d'autant dangereuse pour le pays, qu'il s'agit, comme ici, d'un secteur de santé publique. Le département d'orthophonie existe pédagogiquement, académiquement, scientifiquement et professionnellement, et il n'a besoin, en effet, que d'une reconnaissance officielle. Dans le monde, l'orthophonie n'est pas confondue avec la psychologie, tout simplement parce que le larynx n'est pas la perception et que la voix n'est pas l'intelligence. Tout simplement aussi, parce que le psychologue n'est pas habilité à décider des projets d'orthophonie, à la place des spécialistes en orthophonie. Tout simplement encore, parce que le travail, pour obtenir cette reconnaissance, a été réalisé et en plus de 30 ans (Le Soir d'Algérie du 30 novembre 2009, p. 15 en rapporte le parcours concret). Tout simplement enfin, parce qu'il faut bien un jour rendre justice, l'orthophonie aux orthophonistes, comme à César ce qui appartient à César... En effet, en Algérie, le spécialiste en orthophonie n'est expert dans aucun comité décisionnel, ce qui veut dire que c'est d'un point de vue purement administratif que toutes les décisions (négatives, par voie de conséquence), sont prises au sujet de ses projets : licence LMD académique et professionnelle, master, post-graduation, jury de soutenances. Je suis même, aussi absurde que cela puisse paraître et en violation du principe de vérité scientifique, si cher à la charte de déontologie de mai 2010, ... «expertisée» par les élèves de mes élèves au sein des comités dits «scientifiques» ; le tout dans un pays où on «pleure» la fuite des cerveaux et où on investit tant dans la lutte contre le gaspillage, la corruption et le détournement des biens publics ! Ainsi, les conséquences de cette historique dérive sont incalculables sur le plan de l'éthique professionnelle, de la crédibilité scientifique internationale, comme sur le plan socio-économique, ce qui peut être démontré sur un plateau médiatique, confrontation publique faite entre le spécialiste en psychologie sociale-décideur pour des projets neuro-scientifiques et le spécialiste en orthophonie. Deux pôles opposés, le dépassé et le futur ! (*)Fondatrice de l'orthophonie, expert international en neurosciences