L�int�r�t accru pour les troubles cognitifs li�s au vieillissement devient d�actualit� en Alg�rie. En fait, dans moins d�une d�cennie, la g�riatrie, d�une mani�re g�n�rale, est appel�e � �tre instaur�e au sein de nos h�pitaux car l�Alg�rie n�est plus un pays jeune. Pr Nacira Zellal* La neuropsychologie est l��tude des relations entre les cognitions et le cerveau et traite l�ensemble des syndromes du langage et des autres fonctions cognitives comme la m�moire, dus � une l�sion c�r�brale acquise en foyer d�ordre �volutif, vasculaire ou traumatique. Elle est enseign�e et fait l�objet de recherches et de consultations cliniques (exemple : travaux de la Soci�t� alg�rienne d�orthophonie) depuis le d�but des ann�es 1980, en Alg�rie. Le cerveau atteint d�une d�g�n�rescence li�e � la s�nilit� fait l�objet d�un mal incurable. Un syndrome neuropsychologique comme la d�mence de type Alzheimer (DTA) entra�ne des troubles cognitifs profonds, notamment des troubles de la m�moire qui t�moignent d�une d�structuration spatio-temporelle �voluant vers l�invalidation. Les troubles du langage et de la communication que cet �tat refl�te sont aussi li�s � l��ge du patient, � son milieu et � sa fa�on de percevoir la maladie. Il va donc de soi que l�influence du milieu familial sur le comportement du malade est capitale. Formation sp�cialis�e en neuropsychologie La science qui s�occupe de la m�moire est la psychologie cognitive. La science qui s�occupe des troubles de la m�moire et de leur prise en charge est la neuropsychologie. En tant que fondatrice de la recherche neuropsychologique en Alg�rie, je souligne le fait que, si la pratique clinique et les recherches neuropsychologiques avancent � grande vitesse, notamment depuis le milieu des ann�es 1960 en Europe (exemple : travaux de Blanche Ducarne), la formation se cherche encore dans le monde. Elle est actuellement enseign�e dans le cadre d�un contr�le continu des connaissances, sous forme de modules de la licence d�orthophonie en graduation. Les recherches post-gradu�es se poursuivent dans l�un des th�mes neuropsychologiques (maladie d�Alzheimer, dysarthrie parkinsonienne, aphasies, apraxies, alexies, agraphies,�). La licence de psychologie clinique peut �galement mener vers des recherches neuropsychologiques. Les premiers neuropsychologues alg�riens sont des enseignants-chercheurs orthophonistes du Laboratoire Slancom, qui ont �t� form�s dans le cadre de deux programmes de coop�ration alg�ro-fran�aise, l�un avec le Laboratoire de neurolinguistique de l�Universit� de Toulouse Le Mirail et l�autre avec les h�pitaux de France. Ils ont �t� produits par le magister d�orthophonie (cr�� en 1987), qui se prolonge aujourd�hui et depuis 1995, en un cycle doctoral. Actuellement, il existe m�me un magister de neuropsychologie. La formation gradu�e et postgradu�e en orthophonie est soutenue par des projets de recherches CNEPRU et des PNRS dot�s de la revue internationale Sciences du langage et neurosciences cognitives, une formation continue annuelle bas�e sur des �tudes de cas et des colloques r�guliers. La synth�se du parcours de 30 ans ayant permis une �volution de l�orthophonie vers la recherche et la pratique neuropsychologiques a fait l�objet de deux communications pr�sent�es lors du second International Congress of Neurosciences organis� � Marrakech en 2006 par l�AMN et IBRO. Le Laboratoire sciences du langage � neurosciences cognitives � communication cr�� en 2000 � l�Universit� d�Alger, pr�pare, pour les 20-21 juin 2009, le Congr�s international de neurosciences, devant �tre consacr� par la mise sur pied de la Soci�t� alg�rienne de neurosciences. Des chercheurs de l�AMN et d�IBRO y prendront part, outre d�autres organismes sp�cialis�s en neurosciences. Un atelier sera r�serv� � la formation de base gradu�e n�cessaire en neuropsychologie � l��chelle internationale. A ce titre, un bilan national de 22 ans de magister d�orthophonie sera expos� sous la forme d�une s�ance �portes ouvertes sur le magister d�orthophonie�, � travers l�expos� de la m�thodologie � la base de sa cr�ation, des th�ses r�alis�es ainsi que leur impact au sein des d�partements de psychologie, des sciences de l��ducation et d�orthophonie des universit�s alg�riennes. L�accent sera mis sur la trajectoire poursuivie pour amener l�orthophonie vers les recherches en sciences du langage et en neuropsychologie. Donc, il existe des capacit�s de prise en charge sp�cialis�e en neuropsychologie en Alg�rie, ce qui veut dire encore que les tenants du milieu clinique sont appel�s � exploiter les comp�tences capitalis�es au cours des deux derni�res d�cennies en sciences humaines cliniques, si c�est vraiment le mieux-�tre du patient qui est vis�. C�est d�ailleurs dans cette optique qu�a �t� publi� dans le n�6 du Journal de neurochirurgie du CHU de Bab-el-Oued (octobre 2007) l�article �La neuropsycholinguistique, c�est quoi au juste ? Ou de l�organisation c�r�brale des fonctions cognitives �et pr�sent�e aux neurologues de la SANNC au CHU Mustapha lors de leur colloque du 13 janvier 1994, la communication �R��ducation des troubles verbaux de patients c�r�brol�s�s �.
La m�moire, une affaire de psychologie et non de neurologie Sch�matiquement, la m�moire est une activit� psychique qui permet de stocker puis de restituer des informations. Ses troubles sont l�objet de la neuropsychologie. Ce n�est donc pas l�objet scientifique de la neurologie, sp�cialit� m�dicale qui s�occupe du syst�me nerveux et de ses maladies. Dans le monde, le m�decin qui soigne les amn�sies a re�u une formation �valu�e par le sp�cialiste en neuropsychologie. Deux m�decins, les premiers en Alg�rie, viennent de r�aliser un magister de neurolinguistique sous notre direction. Leur soutenance aura lieu en novembre 2009. La neuropsychologie, tout comme la m�decine neurologique, est une science qui ne s�apprend pas �sur le tas�. L�improvisation n�a point droit de cit� quand il s�agit de sant� publique. Sinon, devient-on donc m�decin en lisant un article de m�decine ? Il ne s�agit point de faire d�un savoir qui est universel �une chasse gard�e �, il s�agit d�informer le lecteur qu�il s�agit d�une question de sp�cialit�s dont les objets sont universellement d�finis et d�limit�s. Il va donc de soi que la consultation sp�cialis�e dans les troubles de la m�moire est aussi un savoir-faire qui est enseign� et �valu� par des sp�cialistes. En services g�riatrique et neurologique, le travail du clinicien est bas� sur l��valuation scientifique et objective, autrement dit, � l�aide de tests sp�cialis�s en neuropsychologie. Par exemple, la consultation d�ORL n�est pas effectu�e par le dermatologue ! La profession de �psychiatre psychologue� n�existe pas plus que celle, encore plus fantaisiste, de �psychiatre orthophoniste�. �valuation et diagnostic cognitivo-comportemental de la DTA : � propos des tests neuropsychologiques Si des tests orthophoniques d��valuation cognitivo- comportementale de la DTA existent dans le monde, ils posent, en Alg�rie, le probl�me tr�s crucial de leur adaptation au contexte socio-psycholinguistique( 1). Des dizaines de m�moires de licence et de magisters d�orthophonie ont trait � des travaux d�adaptation et d��talonnage de tests �trangers, mais ils ne sont pas publi�s. La raison en est surtout l��laboration technique des items : dupliquer une mallette en 2000 exemplaires, la s�rigraphier, en fabriquer les composants internes� n�cessite, en effet, moyens, patience, pers�v�rance et rigueur. La mallette qui compte 33 �preuves d��valuation des capacit�s practo-gnosiques, linguistiques et cognitives du sujet c�r�brol�s� : le Protocole du �Montr�al-Toulouse alg�rien 2002�, �dit� par l�Universit� d�Alger et le Laboratoire Slancom est la seule qui existe en Alg�rie. Le livre faisant �tat de la m�thodologie d�adaptation d�un test �tranger � la r�alit� alg�rienne est compris dans la mallette et peut servir comme base pour d�autres travaux de cet ordre. Chacun des sub-tests de ce protocole fait appel � la m�moire. Une bonne formation neuropsychologique permet au clinicien de les classer par type : ceux qui permettent d��valuer l�amn�sie ant�rograde (syndrome de Korsakoff), l�amn�sie r�trograde, l�amn�sie �pisodique, l�amn�sie s�mantique, l�ictus amn�sique, le stockage mn�sique, le rappel mn�sique,� En bref, cette batterie permet de rep�rer, de caract�riser et d��valuer les capacit�s cognitives du patient (trac� de profils), puis de dresser le projet th�rapeutique. Th�rapie orthophonique-neuropsychologique Le diagnostic et le traitement m�dicaux de la DTA sont, � ce jour, incertains, c�est pourquoi la prise en charge du patient qui en est atteint, demeure d�ordre neuropsychologique, comportemental et pragmatique. L�objectif est de le soulager, de lui permettre, par des moyens tr�s sp�cialis�s, de maintenir le contact communicatif avec l�entourage et de conserver un maximum de s�r�nit� au plan personnel. Le sujet meurt apr�s avoir �t� d�ment profond et grabataire. Il faut souligner le fait qu�au plan de la qualit� de vie du patient, le th�rapeute orthophoniste-neuropsychologue peut beaucoup apporter. Bien des travaux sont publi�s � ce sujet. La th�rapie de type orthophonique est inscrite, compte tenu des troubles globaux du patient(2), dans des programmes lexicos�mantiques (s�ances individuelles), doubl�s d�une approche syst�mique et environnementale (s�ances en pr�sence de la famille) : travaux de Van Der Linden (1993) et de Thierry Rousseau (2003). Th�oriquement justifi�e, la th�rapie est ax�e sur la structuration spatio-temporelle et la m�moire s�mantique. C�est une th�rapie cognitivo-comportementale qui consiste � stimuler les facteurs � la base de l�acquisition du langage. Puisque tous les comportements, depuis la naissance, sont d�abord le fait d�apprentissages qui deviennent des automatismes, facteurs d�autonomie, il s�agit, par des techniques appropri�es (grilles d��valuation structurales et pragmatiques), de rep�rer et d��valuer les actes de langage ad�quats et les actes de langage inad�quats. Puis, � l�aide de grilles comportementalistes, de rep�rer et d��valuer les comportements non verbaux ad�quats et les comportements non verbaux inad�quats. Enfin, il faut amener le patient � �viter les inad�quations par des techniques de renforcement des actes de langage et des comportements ad�quats. Principes : 1) aider le patient � r�acqu�rir coh�rence et coh�sion du comportement verbal et non verbal ; 2) l�entourage doit s�adapter aux capacit�s de communication r�siduelles du patient. Ceci veut dire que le clinicien alterne s�ances individuelles et s�ances en pr�sence d�un membre de la famille (le conjoint, par exemple). N. Z. * Neuropsychologue, orthophoniste de Paris 6. Laboratoire Sciences du langage - neurosciences cognitives - communication, Universit� d�Alger. 1- Le livre Une �tude en aphasie, pr�fac� par Blanche Ducarne, OPU, 1982, rapporte les r�sultats du m�moire d�orthophonie (Paris 6, 1980) qui consistent en l�adaptation � la langue arabe du bilan La Bo�te rouge de Blanche Ducarne, tr�s utilis� par l�orthophoniste des services neurologiques en Alg�rie. 2- One type of aphasia and one type of disturbance, IBRO2007, 3rd World Congress of Neurosciences, Melbourne.