Une année après son lancement, l'appel d'offres national et international de la PCH pour l'approvisionnement en médicaments a été définitivement attribué, hier, aux principaux fournisseurs retenus sous le contrôle de Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Des produits, près d'une trentaine, dont les dossiers d'enregistrement n'ont été introduits qu'après l'ouverture des plis, contrairement aux dispositions du cahier des charges de la PCH adopté par le conseil d'administration en 2010 et le code des marchés publics sur instruction du chef de cabinet du ministre de la Santé. Outre la violation de cette mesure réglementaire, les prix affichés et publiés des produits en question, dont certains «restent douteux», selon une source proche du dossier, sur le site de l'ANDS sont loin d'être compétitifs. D'ailleurs un problème a opposé certains responsables de la direction de la pharmacie dont les prérogatives sont actuellement réduites au secrétaire général et la signature est léguée à celui-ci. «Des produits ont été enregistrés en cinq mois et uniquement pour ce marché. Ce qui n'a jamais été fait par le ministère de la Santé. D'ailleurs, on n'enregistre jamais des médicaments avec une telle précipitation où des erreurs sont déjà à signaler sur certains produits, que ce soit pour les noms des DCI et les dosages», nous confie notre source. Censés être des génériques ou des bio-similaires dont ces derniers ne bénéficient d'aucune réglementation en Algérie, ces produits doivent obligatoirement être 30% moins chers que les produits princeps. Une étude comparative des prix de la liste de ces produits publiés sur le site de l'Agence nationale de documentation de la santé (ANDS) qui relève du ministère de la Santé montre que les prix de ces produits, enregistrés sous pression, ne risquent pas de faire des économies à la PCH et réduire la facture de l'importation des médicaments, comme cela a été longtemps souhaité par les pouvoirs publics. Le générique au prix du princeps !Dans le rang des médicaments anticancéreux, deux produits sont concernés. Il s'agit du Rituximab connu par son nom commercial Mabthera, indiqué dans le traitement de la maladie de Hochkin, un cancer du sang. Ce produit est attribué au laboratoire Roche à un 1890 CHF (150 000 DA), tandis qu'un produit fabriqué au Mexique, qui a bénéficié d'un enregistrement dans le cadre de ce marché pour le conditionnement secondaire à Pharmaghreb est cédé à 139 421 DA, soit à peine 7% moins que le princeps. «A rappeler que ce produit est enregistré pour le conditionnement secondaire alors que le conditionnement primaire est interdit depuis une année», relève notre source. Ce produit est présenté sous forme de deux dosages 100 et 500. Le premier (Rituximab 100 est 50% plus cher que le princeps alors qu'il devait être 30% moins, soit au maximum 46 000 DA et il n'était pas enregistré avant l'ouverture des plis. Le deuxième dosage, à savoir le 500, également conditionnement secondaire non enregistré à l'ouverture des plis est à peine 7% moins cher que le princeps alors qu'il ne peut dépasser 116 000 DA, si le principe du générique est appliqué. Un autre anticancéreux, Capecitadine, figure sur la même liste, attribué à un tiers à Intas dont le prix n'est que 12% moins cher que le produit qui était déjà enregistré. Comme il s'agit également d'un produit prescrit pour les effets secondaires de la chimiothérapie (vomissements), OndanSetron de Sun Pharma, dont un rapport de la pharmacovigilance a recommandé son retrait en raison de sa mauvaise qualité, a été finalement retenu dans ce marché. Les dérivés du sang originaires de Chine ou d'Inde, des produits, censés être soumis à des contrôles stricts et minutieux pour risque de contamination VIH hépatite C et B, ont remporté également le marché au détriment de ceux qui étaient enregistrés. Le cas de l'albumine 50 ml et 100 ml du laboratoire Reliance, originaire d'Inde, un dérivé du sang, dont le différentiel de prix n'excède pas les 3% avec un produit enregistré en Algérie et en provenance d'Allemagne. C'est également le cas du facteur 8 importé d'Inde évoqué dans nos précédentes éditions. Le cas du bio-similaire issu de la biotechnologie dont le débat est actuellement lancé, l'ertytropoiétine 2000 cédé à deux tiers à Reliance moins cher de 10% que le produit du laboratoire émirati Julphar enregistré. Un marché, rappelle-t-on, était prévu pour l'exercice de l'année 2011 et ces produits ont été enregistrés en janvier 2012. L'approvisionnement des hôpitaux en certains médicaments contenus dans ce marché a dû être retardé à cause justement de cette liste de produits.