La succession à Bouteflika est en train de se faire en douceur », c'est ce que décèle Aït Ahmed, suggérant ainsi que dans les sphères décisionnelles du pays est en train de refaire surface la « bonne vieille tradition » de désignation des présidents de la République par les appareils politiques et sécuritaires, à ses yeux, la seule réalité du pouvoir. On retrouve là l'analyse classique du leader du FFS, pour qui le système politique algérien, de 1962 à nos jours, est illégitime, car non issu d'une Assemblée nationale constituante, et qu'il ne survit que par la volonté des généraux, notamment des services de renseignement. Aït Ahmed suggère aussi dans son constat sur la succession que le président Bouteflika se trouve dans un état de santé qui va le contraindre à ne pas terminer son mandat jusqu'en 2009. Le leader du FFS aurait-il des informations qui vont à l'encontre de ce qui a été soutenu, jusque-là, par les officiels et son médecin traitant ? Ou bien se livre-t-il à de la simple spéculation, mettant à profit le vide politique actuel pour enfoncer le pouvoir et brouiller les cartes politiques ? Officiellement, le chef de l'Etat est en période de convalescence, faisant épisodiquement des apparitions officielles. Il est prévu une rencontre, le 8 février prochain, avec le chef de l'Etat brésilien, en visite en Algérie, mais sa défection au sommet de l'Union africaine de Khartoum n'est pas passée inaperçue. S'il a présidé un Conseil des ministres, le 18 janvier dernier, il a néanmoins réduit au strict minimum ses activités, les plus significatives dans le pays, ce qui a fini par installer un vide politique qui tranche avec la période d'avant sa maladie. On se rend compte aujourd'hui à quel point M. Bouteflika avait phagocyté la politique dont il a fini par devenir la source unique et incontournable, poussant la sphère politique officielle à se satelliser autour de lui. Les chefs de parti de la coalition présidentielle ont tenté de combler ce vide et démontrer que le pouvoir continue de fonctionner sans accrocs en dépit de l'effacement du chef de l'Etat. Mais rapidement, ils ont sombré dans une guerre ouverte, ce qui indique bien que tout ce qui a été bâti au sommet n'était en fin de compte qu'un château de cartes. Le FLN, le MSP et le RND n'avaient finalement de commun que la seule volonté du président de la République de les voir autour de lui et non lui disputer le pouvoir ou l'attaquer. Ils se sont contentés des quelques parcelles du pouvoir que leur a concédés M. Bouteflika durant de longues années, ne pouvant faire autrement devant la forte présence du président de la République. Chacun de ces partis donne aujourd'hui libre cours à ses prétentions et ses ambitions, et c'est peut-être cela le meilleur indice que l'on est passé à une période « Bouteflika deux » ou à une ère « après Bouteflika ». La « boîte de Pandore » a-telle été ouverte ?