Très tôt le matin, et pour la deuxième fois en une semaine, les élèves des classes de terminale ont investi la rue. Ils ont tenu, hier, un rassemblement devant l'annexe du ministère de l'Education nationale à Ruisseau. Leur exigence : avoir le seuil des cours le plus tôt possible, car ils refusent la date du 10 mai, fixée par le ministère. Ils veulent aussi que le programme soit allégé. Un groupe d'élèves, environ une dizaine, représentant une vingtaine de lycées protestataires venus de plusieurs communes d'Alger, a été reçu par des responsables. Jusqu'à 13h, «les négociations» n'étaient pas encore achevées. Selon les élèves, il est question d'avancer ce seuil au 1er mai. La grève continuera la semaine prochaine et, probablement, elle restera ouverte si leurs revendications ne sont pas satisfaites, affirment-ils. A quoi sert ce seuil tant réclamé ? Une commission nationale de suivi des programmes arrêtera à la date du 10 mai, pour chaque filière et chaque matière, les seuils fixant les limites du programme de référence destinée à l'élaboration des sujets d'examen. Les leçons qui seront supprimées des sujets du bac et celles qui doivent être révisées seront affichées dans l'ensemble des établissements scolaires à la même date. C'une mesure exceptionnelle décidée pour le bac 2007 afin d'aider les candidats ayant accusé un retard irrattrapable, suite à la grève des enseignants. La «faveure» Une année après, le premier bac de la réforme arrive et les mesures sont reconduites comme une sorte de faveur. Les années passent et les élèves deviennent de plus en plus exigeants en croyant que ce seuil, les deux sujets au bac ainsi que les 30 minutes supplémentaires accordées, font partie des mesures d'organisation du bac. Ils profitent alors d'une revendication légitime, l'allègement programmes pour exiger une faveur qui n'a plus lieu d'exister. Les groupes d'élèves qui sillonnent les autoroutes d'Alger et qui prennent d'assaut les directions d'éducation plusieurs fois par semaine en profitent aussi pour se défouler. Drapeaux des clubs sportifs étrangers et nationaux, pique-niques devant les lieux des rassemblements et aussi des retrouvailles. «Il y a certains qui nous gâchent tout. Nous voulons vraiment que le ministère nous écoute. Nous avons des revendications légitimes», se défendent Sid Ali et Mohamed Amine du lycée Rabah Bitat aux Bananiers. Leurs camarades du lycée Saad Dahleb essayent de les persuader : «C'est un faux problème pour lequel vous cherchez une fausse solution. Je suis un redoublant, je repasse mon bac cette année ; je suis là avec vous parce que ma classe est vide, sinon vous êtes dans le tort.» Il leur explique que le seuil tel que décidé ne les dérangera en rien. Les lycéens tentent de le convaincre avec des arguments peu convaincants. Abderrahmane du lycée Rabah Bitat résume la situation : «Nous sommes loin des vrais problèmes. On demande quelque chose qui ne nous aide pas au bac. Il vaudrait mieux demander la suppression des matières charia pour les scientifiques ou histoire-géo à l'examen.» Pourquoi le ministère maintient-il ces mesures ? Arrangeraient-elles les ambitions du ministre pour atteindre une réussite de 70% au bac ? Hier, le ministère n'a pas répondu à nos interrogations et a préféré se référer au communiqué rendu public lundi dernier.