Et l'on reparle de la guerre contre l'Irak, avec encore une fois, des révélations sur ce qui se tramait contre ce pays, et comment, la question était déjà réglée par le président américain George W. Bush et son principal allié, le Premier ministre britannique Tony Blair. George W. Bush et Tony Blair étaient prêts à la guerre en Irak dès le début 2003, seconde résolution de l'ONU ou pas, affirment le quotidien britannique The Guardian et la chaîne de télévision Channel Four News, citant Philippe Sands, avocat et professeur de droit à l'University College de Londres, qui publiait hier une nouvelle édition de son livre Lawless World. Dans cet ouvrage, le juriste britannique évoque en détail un mémo de la Maison-Blanche sur la rencontre entre les deux hommes le 31 janvier 2003. Lors de cette rencontre, M. Bush aurait spécifiquement évoqué la date du 10 mars pour engager les combats contre le régime de Saddam Hussein, la guerre ayant finalement débuté le 20 mars 2003. Dans son livre, Philippe Sands explique comment le Royaume-Uni et les Etats-Unis minent les bases du droit international en défendant leurs intérêts économiques, au mépris des droits de l'homme et de l'environnement. Une précision, Channel 4 News annonce avoir pris connaissance de ce mémorandum de la Maison-Blanche « hors du Royaume-Uni ». Elle affirme avoir vu le compte-rendu de cette rencontre entre le président américain et le Premier ministre britannique à la Maison-Blanche, et selon elle, M. Bush aurait spécifiquement évoqué la date du 10 mars pour engager les combats contre le régime de Saddam Hussein. La guerre a finalement débuté le 20 mars 2003. Selon le mémo de la Maison-Blanche, M. Bush aurait certes affirmé lors de cette rencontre être prêt à mettre « tout le poids des Etats-Unis derrière l'effort pour obtenir une autre résolution (au Conseil de sécurité de l'ONU) », et qu'il était prêt pour cela « à tordre le bras » de certains ou « même à menacer » certains. « Quoi qu'il en soit, si au final nous devions échouer (à obtenir une seconde résolution de l'ONU), l'action militaire suivrait », aurait cependant ajouté le président Bush. A ces propos, M. Blair aurait alors répondu qu'il était « solidement » derrière le président et qu'il était « prêt à faire tout ce qui serait nécessaire pour désarmer Saddam ». Pour M. Blair, une seconde résolution des Nations unies contre l'Irak « serait cependant une assurance contre l'inattendu, et une bonne couverture internationale, notamment vis-à-vis des Arabes ». Quant au prétexte, car il en fallait bien un, l'on apprend, selon la même source, que les deux dirigeants ne semblaient toujours pas persuadés, en janvier 2003, moins de deux mois avant le début de la guerre, d'une quelconque violation matérielle par le régime irakien de la résolution 1441 des Nations unies. Lors de leur discussion à la Maison-Blanche, le président George W. Bush aurait ainsi déclaré que les Etats-Unis envisageaient de « faire survoler l'Irak par des avions U2 de reconnaissance aux couleurs des Nations unies, avec une escorte d'avions de chasse », expliquant que « si Saddam tirait sur eux, il serait alors en violation » de la résolution de l'ONU. Selon une source de haut niveau au sein de l'ONU citée anonymement par Channel 4, il était pourtant parfaitement possible de faire voler des avions hors de portée des missiles irakiens : « Discuter de Saddam tirant sur ces avions suggère que les Etats-Unis étaient presque désireux que Saddam frappe ces avions », a déclaré cette source. Lors de sa rencontre avec Tony Blair, M. Bush aurait également émis l'hypothèse « qu'un transfuge (irakien) soit sorti d'Irak et donne une présentation publique des armes de destruction massive de Saddam ». Il aurait enfin envisagé la « petite possibilité que Saddam soit assassiné ». En d'autres termes, que Saddam leur offre le prétexte. Les révélations de Channel 4 ne s'arrêtent pas là. Elles évoquent aussi différentes évaluations qui s'avéreront non seulement fausses, mais qu'elles ont été catastrophiques pour ce pays, devenu le champ d'expérience et d'entraînements pour différents concepts comme la guerre préventive, la guerre par procuration avec des armées privées, ou tout simplement champ d'exercices grandeur nature. Selon ce mémo de la Maison- Blanche effectivement, le président Bush était en tout cas très optimiste pour l'après-guerre et n'envisageait pas la possibilité d'une réelle réaction violente des Irakiens. M. Bush aurait ainsi estimé « improbable qu'il y ait une guerre qui fasse rage entre les différents groupes ethniques ou les différents groupes religieux ». La réponse vient des différents bulletins ou plutôt des bilans macabres devenus quotidiens. A l'image de celui d'hier faisant état de trente personnes tuées jeudi et plus d'une centaine blessées. Les attaques les plus meurtrières ont visé dans la soirée un marché populaire et une mosquée, ainsi qu'une station d'essence dans le quartier Al Amine, dans l'est de la capitale, faisant 16 morts et 90 blessés. Des heurts, les premiers entre des partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr et des soldats américains depuis septembre 2005, ont fait quatre morts dans la banlieue populaire de Sadr City, selon un porte-parole américain. Ces heurts interviennent, alors que la communauté chiite a commencé mardi à commémorer le deuil d'Achoura, avec la crainte d'une répétition des attentats perpétrés en 2004 qui ont fait 170 morts. Pendant neuf jours, les mosquées chiites sont le lieu de rassemblements et de recueillement. L'armée américaine a, elle aussi, subi de nouvelles pertes, avec la mort de cinq soldats mercredi en Irak. Ainsi, a été ouverte la boîte de Pandorre. L'Irak en subit les effets.