Décidément, la notion de la trêve hivernale est complètement ignorée en Algérie. Le plus souvent, la justice fait fi de cette notion, pourtant à caractère humanitaire, et procède manu militari à des expulsions, dont sont victimes des familles en détresse. A Oran, malgré la froidure du mois de janvier, des huissiers, épaulés par la police, continuent à débarquer périodiquement chez des familles en bisbille avec la justice, les sommant purement et simplement de quitter les lieux. Ce fut le cas, pas plus tard qu'hier au 17 de la rue Abbane Ramdane, où le jeune B. K., vivant seul avec sa mère au rez-de-chaussée, a dû plier bagages, dès l'aurore, après l'arrivée de l'huissier de justice et du renfort policier. «A deux reprises, on a demandé un sursis et, dans les deux cas, il nous a été refusé», se désole le jeune homme. Ce cas n'a pas laissé dans l'indifférence la société civile, puisque des membres des droits de l'homme ont tenu à être présents, lors de la procédure d'expulsion, en signe de soutien à la famille. «A-t-on idée d'expulser une vieille dame asthmatique en plein hiver?», se lamente un des membres de la LADDH». A chacune des opérations d'expulsion, des troubles éclatent immanquablement à Oran. On se souvient, le mois d'octobre dernier, du cas de la jeune femme qui s'est immolée par le feu le jour de son expulsion dans le quartier Hippodrome. «On demande la dignité humaine», nous dit un autre membre de la LADDH, «c'est honteux d'expulser des familles en hiver».