Photo : S. Zoheïr Par Amirouche Yazid 702 cas d'expulsion de familles ont été enregistrés depuis juillet 2009. Deux cas seulement ont été réglés, l'un à Blida et l'autre à Aïn Defla. Les chiffres ont été communiqués par «le comité SOS expulsions», affilié à La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), aile de Me Hocine Zehouane. La même source ajoute que plus de 500 expulsions ont eu lieu en 2010. Le comité SOS expulsions regrette ainsi que les pouvoirs publics répondent par l'expulsion à la souffrance des familles. C'est le sort subi par une soixantaine de familles qui passent l'hiver dans la rue. Comment en arrive-t-on à cette situation extrême d'expulsion ? Pour le comité SOS expulsions, c'est le mode d'expulsion qui pose problème. «Le mécanisme d'expulsion pose problème, en particulier le non-respect des délais adéquats. 90% des délais ne sont pas respectés et les familles sont souvent jetées à la rue au bout d'une vingtaine de jours au lieu des six mois accordés par le juge en cas de prononciation d'expulsion», souligne le porte-parole du comité. La prononciation d'expulsion se fait cependant en plein hiver. Ce qui complique davantage le sort des familles expulsées comme c'est le cas en cette période de froid. Dénonçant le fait que «l'Etat expulse même en hiver», le porte-parole du comité SOS expulsions semble néanmoins oublier qu'il n'existe pas de loi ou de texte qui interdise toute expulsion en plein hiver. Il soulignera toutefois que l'Etat est tenu d'assurer une prise en charge aux familles concernées. Ce qui est loin d'être le cas actuellement, les familles expulsées n'ayant de refuge que dans la rue. L'article 507 bis du code civil interdit cependant toute expulsion des personnes âgées de plus de 60 ans. Pour Amine, membre d'une famille expulsée dans la commune de Kouba, la situation est grave. «Pour l'état civil, ma famille n'a aucune existence. Nous sommes déchus de nos droits civils et civiques. On nous a écrasés, on nous a éliminés», dira-t-il avec beaucoup de peine et d'amertume. Cet intervenant expliquera également que les familles expulsées sont tenues de justifier leur hébergement chez des proches habitant la circonscription au risque de perdre leurs droits civils. «Le juge contacte-t-il le président de l'APC pour savoir quelle sera la suite pour une famille expulsée ?» s'interroge Amine. «L'expulsion ne se fait pas sans une solution de rechange», soutient-il.