La pénurie de carburant, qui ébranle la région de l'ouest du pays depuis un mois, persiste. Naftal refuse de prendre à son compte la tension et reste impuissante devant une situation de forte demande. Le ralentissement pour causes diverses de certaines raffineries ajoute à la pression sur les stations-service. Certains observateurs estiment que des quantités importantes de carburant passent la frontière algéro-marocaine. La crise du carburant qui ébranle la région de l'Ouest algérien depuis bientôt un mois persiste même si, de manière générale, la situation s'est quelque peu améliorée. Il est toutefois utile de noter que le cafouillage, lui, reste quasi complet quant aux véritables raisons de cette crise, laissant ainsi chacun des antagonistes dans cette affaire y aller de sa propre interprétation. A faire la tournée des stations-service, on se rend compte que certaines «carburent» normalement tandis que d'autres, faute de carburant, sont à l'arrêt.La raison officielle, celle que Naftal n'a de cesse à ressasser depuis décembre dernier, concerne essentiellement l'arrêt de la raffinerie d'Arzew pour des besoins de rénovation. Aussi, afin de parer la disette, nous explique un employé de l'entreprise étatique, «on s'approvisionne à partir de Skikda par bateau, mais aussi de Tizi Ouzou par camions-citernes». Malgré cela, il arrive fréquemment, dans les régions de l'Ouest, que les réservoirs des stations soient à sec. Là où l'ampleur de la crise est la plus palpable est assurément Tlemcen, où les stations sont prises d'assaut quotidiennement par des files interminables d'automobilistes en manque d'essence. Il faut savoir que la pénurie d'essence à Tlemcen perturbe grandement le transport public, mais aussi, dans la commune de Ghazaouet, le secteur de la pêche : faute de gasoil, plusieurs chalutiers sont restés immobilisés depuis des semaines ! A Oran si, de manière générale, le carburant est disponible, son quota a nettement diminué, créant ainsi, périodiquement, des pénuries au niveau de certaines stations. «J'ai coutume d'approvisionner mes réservoirs de plus de 27 000 litres par jour, tous carburants confondus, nous explique un pompiste du centre-ville rencontré hier. Or depuis 3h du matin, me voilà à l'arrêt faute de carburant. Je n'ai tout simplement pas eu droit à mon approvisionnement du jour et la raison, je l'ignore tout autant que vous !» La situation est similaire dans les autres wilayas de l'Ouest, qui souffrent de coupures périodiques mais d'une portée moindre que celle du mois dernier. La faute incombe en premier lieu à la diminution des quotas, à la politique du dispatching, mais aussi au marché parallèle, car les «hallaba» y sont légion. Les gérants des stations-service en colère La situation est un petit peu plus complexe à Aïn Témouchent, du fait que la wilaya est une zone de «transit» où les automobilistes des wilayas limitrophes s'approvisionnent. A Tiaret ou encore à Naâma, les stations souffrent davantage de la pénurie du gaz butane que celle du carburant. Aussi, d'une façon générale, si la crise est de moindre ampleur que le mois dernier, elle persiste néanmoins, rendant ainsi sur le qui-vive les automobilistes, qui craignent le retour à une pénurie générale. Le 14 décembre dernier, deux représentants de la Fédération nationale des gérants de stations-service ont animé une conférence de presse au siège de l'UGCAA, durant laquelle ils n'y sont pas allés de main morte ; ils ont clairement pointé du doigt la mauvaise gestion comme seule responsable de la persistance de la crise. Durant leur intervention, ils n'ont pas manqué de mettre à l'index la politique du dispatching qui consiste à approvisionner «copieusement» les GD (gestion directe) au détriment des petites stations, semant ainsi le trouble et la zizanie chez les automobilistes. Le manque de communication de l'entreprise Naftal, selon la Fédération, est également à déplorer : les automobilistes qui avaient coutume de ne s'approvisionner que par tranches de 200 DA, par crainte de pénurie générale, n'hésitent pas à faire le plein, accentuant ainsi la crise.Sans pour autant opter pour la grève générale, les distributeurs d'essence ont menacé de durcir le ton dans les prochaines semaines si Naftal ne répond pas à leur requête.